Cas coaching: “L’amour fait souffrir”, en êtes-vous sur.e ?

Nov 24, 2025 | Apprendre à se connaitre, Guérir son coeur, Podcast, Rupture, Sortir du célibat

Avec les cas coaching, je vous propose de découvrir des phrases ou questions que j’entends très fréquemment au cours de mes séances de coaching amoureux.

J’ai notamment décidé de regrouper dans un livre les questions et phrases que j’entends le plus souvent dans le cadre de mon métier de coach en relations amoureuses. Parmi celles-ci, j’en piocherai certaines que je développerai sur le podcast et le blog dans une série que je vais appeler “phrase de coaché.e” ou « PDC ». Ce format propose ainsi une réponse ou des réflexions autour d’une phrase spécifique et récurrente que j’ai pu entendre en coaching amoureux.

Aujourd’hui, j’ai sélectionné une phrase un peu particulière. Notamment parce que celle-ci découle en général d’un échange un peu long et est une croyance plus profonde de d’autres croyances. Il s’agit de: “L’amour fait souffrir”, ou sa variante: “Aimer fait souffrir”. 

Un mécanisme de protection

Cette phrase, on peut être amené à l’entendre dans plein de contextes différents. Celui qui peut venir en tête le plus rapidement peut être le deuil affectif. On a aimé une personne, celle-ci ne fait plus partie de notre vie et on souffre de cette absence. Alors on fait le raccourci que le fait d’avoir aimé cette personne fait souffrir. 

Cette phrase, n’est en fait rien d’autre qu’un mécanisme de protection. Parce que quelque part au sein de notre parcours, cette association amour = souffrance s’est créé et une fois que ce raccourci existe, celui-ci impacte nos choix et notre façon d’interagir avec notre environnement. 

J’ai envie d’entrer très directement dans le vif du sujet en vous affirmant que non, l’amour ne fait pas souffrir. Et aimer ne fait pas souffrir non plus. 

Ce qui fait souffrir en revanche, ce sont nos attentes, nos projections, nos déceptions ainsi que nos interprétations. 

Lorsque l’on aime, il va au contraire y avoir de la sécrétion d’ocytocine et d’endorphine au sein de notre corps. On parle des hormones du plaisir. Donc l’amour en tant que tel n’est pas censé faire mal. À vrai dire, c’est plutôt même l’inverse. Ne pas aimer, être privé d’amour, la solitude et l’isolement dans nos vies, amènent à de la détresse affective. Et celle-ci peut être fatale.

Si je vous en parle aujourd’hui c’est parce que je pense que c’est important de réussir à se détacher de cette pensée que l’amour fait souffrir. Tout simplement car cette croyance peut être délétère. 

Le problème de l’association amour = souffrir

Quand on pense que l’amour fait souffrir, consciemment ou non, on met en place des mécanismes de défense. Cela peut se manifester de diverses façons. Il y a des personnes qui vont éviter d’entrer en contact et en lien, tout simplement. Il y en a d’autres qui vont auto-saboter leurs rencontres. Certaines personnes seront désengagées dans leurs relations. D’autres vont avoir tellement peur d’être dans un lien souffrant qu’elles vont tout faire pour ne pas perdre l’autre. Quitte à totalement s’oublier dans la relation. Cela implique alors de la suradaptation, une peur du conflit voire une fuite de ces fameux conflits etc. 

Il y a plein de comportements non fonctionnels qui peuvent être employés pour éviter de se frotter à cette éventualité que l’amour ou aimer pourrait nous amener à souffrir. 

Débusquer la croyance

Je disais un peu plus tôt que cette croyance, elle découle de conversations un peu plus longue au cours d’une coaching. Mais aussi qu’elle peut être une croyance plus profonde de d’autres croyances. En fait, ce que je veux dire par là c’est qu’il est assez rare qu’une personne soit suffisamment honnête avec elle-même, voire très à l’écoute de ses propres mécanismes de défense pour dire de but en blanc :

  • “Quand j’aime je souffre donc je choisis de ne pas aimer.” 
  • “Quand j’aime je souffre donc je choisis de m’adapter”
  • “Je choisis de ne pas aimer trop car l’amour fait souffrir”
  • “Je choisis d’être seul car aimer fait souffrir”

C’est là où cela peut être subtil de démasquer cette croyance parce que ce qui vous amène en général dans mon cabinet n’est pas cette identification là directement. Mais plutôt une conséquence de cette croyance. 

Les conséquences de la croyance

Par exemple, vous pourriez me dire que vous pensez être trop exigeante. Parfois, c’est vrai… et parfois, ça ne l’est pas du tout. Mais derrière cette idée, il peut se passer quelque chose d’important : la peur de souffrir.

Quand cette peur est très forte, elle peut vous pousser dans deux directions.
La première, c’est de mettre la barre tellement haut que personne ne pourra jamais l’atteindre. Résultat : pas de relation, donc pas de risque d’être blessée.

La deuxième, c’est d’entrer en relation, mais avec des attentes tellement élevées pour l’autre que ça devient impossible à tenir. Parce que si l’autre est parfait, qu’il coche absolument toutes les cases, alors, en théorie, il n’y aurait plus de place pour la déception… et donc plus de place pour la souffrance. 

Et dès fois, c’est aussi un cercle vicieux. C’est-à-dire qu’une personne très anxieuse dans sa relation peut avoir cette association que l’amour fait souffrir parce qu’elle ne parvient pas à vivre sereinement le lien. Et c’est plutôt logique. Si à chaque fois qu’elle entre en relation, elle part dans des états de stress pas possible, cela semble plutôt cohérent que quelque part son cerveau lui dise relation = stress = souffrance. 

Donc on n’est parti d’une anxiété qui a développé une croyance sur l’amour qui s’auto-alimente et se confirme en entrant en lien avec autrui.

Mais le problème dans cette situation ce n’est pas tant l’amour. C’est la régulation émotionnelle. C’est la capacité que la personne va avoir de faire face à de l’incertitude. Cela peut aussi être en lien avec une compétence d’adaptabilité ou de flexibilité. 

C’est là où notre cerveau peut nous jouer des tours. 

Peut-on factuellement croire que l’amour fait souffrir ?

L’amour, c’est un état d’être. Et pour pouvoir dire, de façon factuelle, que “l’amour fait souffrir”, il faudrait que ce soit un consensus universel. Que toutes les personnes qui vivent de l’amour tiennent ce même discours.

Prenez l’exemple du feu : si vous mettez votre main dedans, vous pourrez affirmer que cela brûle et que cela fait mal. Et la grande majorité des gens seront d’accord avec vous. À part quelques exceptions, des personnes qui ont une perte de sensibilité, mais globalement, tout le monde s’accordera à dire que toucher quelque chose de très chaud… brûle et fait mal.

Maintenant, si je pose la question à l’ensemble de mes lecteurs et lectrices: “Est-ce que l’amour fait souffrir ?”, je n’aurai pas un consensus aussi clair. Certaines personnes diront oui, d’autres non, et beaucoup auront des réponses nuancées. 

Ce qui est délicat avec cette idée que l’amour fait souffrir c’est que, quand bien même, on peut, d’une façon intellectuelle se dire que c’est vrai, l’amour ne fait souffrir, cela ne veut pas dire que quelque part, au fond de nous, on n’y croit pas un peu quand même. Parce qu’il y a des grandes vérités qu’on applique aux autres et que pour nous, je cite “non mais pour moi ce n’est pas pareil”. 

Quand il s’agit de soi, on est quand même souvent plus critique, plus exigeant, plus brutal avec nous-même. Donc c’est parfois dur de réaliser que cette croyance n’est pas fonctionnelle dans nos relations. 

Une croyance localisée

Autre subtilité c’est que cette croyance, vous pouvez l’avoir pour l’amour dans les relations amoureuses, comme pour les relations amicales, les relations au travail ou les relations familiales.

Cela peut se manifester dans une sphère relationnelle et pas nécessairement dans les autres. 

C’est d’ailleurs comme cela que parfois, certaines personnes viennent me dire “Je ne comprends pas, toutes mes relations se passent bien, je suis équilibrée partout sauf la relation amoureuse.”

Soit en étant en lien, soit justement, en ayant pas de lien. Le tableau est parfait sauf la relation amoureuse. Bizarrement, personne ne saurait entrer et rester dans notre vie dans un lien épanouissant. 

La notion de violence au sein d’une relation

Quand je disais que cela s’autoalimente, c’est aussi que parfois, on vient se confirmer que l’amour fait souffrir en choisissant des partenaires qui amènent de la souffrance voire dans la violence au sein du lien.

On prend pour norme le fait de souffrir dans la relation. Petite précision au passage, quand j’évoque cette notion de violence je ne parle pas de violences cadrées et sécurisées comme on peut l’entendre au sein de pratiques BDSM par exemple. 

La violence n’a pas sa place là où il y a de l’amour. Vous connaissez sûrement cette phrase : “Qui aime bien châtie bien”. Ce serait pourtant beaucoup plus pertinent de la remplacer par : “Qui aime bien, prends soin”.  Amour et violence ne coexistent pas ensemble. 

Maintenant que j’ai dit tout cela, c’est bien beau mais concrètement comment faire quand on a cette association en tête ? 

Parfois cela peut être de la thérapie qui permet de guérir certains traumatismes qui ont amené cette association amour = souffrance. 

À mon échelle, ce que j’aimerais surtout vous partager c’est que comme je l’ai dit au tout début de l’article, ce n’est pas l’amour qui fait souffrir, ce sont nos attentes, nos projections, nos déceptions ainsi que nos interprétations. 

Que faire face à cette idée que l’amour fait souffrir ?

De ce fait, lorsque vous ressentez de la souffrance dans votre relation, essayez de prendre un peu de hauteur pour déterminer où est-ce que celle-ci est située. 

  • Est-ce que vous ne trouvez pas de réponse à vos besoins et est-ce que les demandes formulées sont claires ?
  • Êtes-vous déçu de ne pas avoir vécu quelque chose en particulier ?
  • Quelle est la pensée qui vous traverse en ce moment et qui rend la situation douloureuse ?
  • Quelle phrase racontez-vous dans votre tête, là tout de suite, et qui crée cette souffrance en vous ?

Ce n’est pas l’amour en soi qui fait mal. C’est par exemple la pensée que si mon partenaire ne m’écoute pas quand je parle, c’est qu’il ne m’aime pas. Cela peut être le fait d’avoir projeté que des vacances se passeraient de telles manières et que cela ne se produit pas. 

L’amour ne fait pas souffrir. Aimer ne fait pas souffrir. 

Vous avez le droit et vous méritez de vivre une relation amoureuse épanouissante, vraie et vivante. Ce n’est pas réservé qu’aux autres.

C’est normal d’être traversé par une grande variété d’émotions dans votre vie. Il n’existe pas qu’un facteur qui soit responsable de comment vous vous sentez à un instant t. Nous sommes des êtres riches d’expériences qui vivons au travers du prisme que celles-ci ont amené. 

faire évoluer sa croyance

À mon sens, aimer n’est jamais une erreur.

Ce qui peut faire souffrir, ce sont les interactions, les dynamiques relationnelles, les comportements de l’autre… mais le fait, en soi, d’avoir été capable d’aimer, ce n’est pas une faute. Au contraire. Ce qui compte vraiment, c’est ce qu’on choisit de faire avec cet amour.

Vous pouvez aimer quelqu’un sans être en lien avec cette personne. Vous pouvez aimer quelqu’un en voyant clairement que certains de ses comportements sont problématiques, et donc, décider de ne pas relationner avec elle.

Votre capacité à ressentir de l’amour, à être touché par l’humanité de l’autre, c’est une compétence magnifique. Ce qui importe, c’est à qui vous choisissez d’offrir cet amour, et comment vous choisissez de l’exprimer.

Quand on vit des liens non fonctionnels, l’erreur ne se trouve pas dans le fait d’aimer. Elle se trouve plutôt dans nos choix relationnels, ou dans les modalités du lien que l’on accepte.

Et je veux apporter une nuance à mes propos: lorsqu’on traverse une relation réellement toxique, face à une personne manipulatrice, perverse narcissique, ou profondément destructrice, je ne suis évidemment pas en train de dire que vous êtes responsables de ce que vous avez vécu.
Ces personnes sont très douées pour créer un environnement dans lequel on leur accorde naturellement notre confiance, où il semble logique de les aimer… juste avant que le piège ne se referme. 

Si je vous dis qu’aimer n’est jamais une erreur c’est parce qu’aimer fait partie de notre expérience en tant qu’humain. Ce serait vraiment dommage de vous couper de l’amour qui est une magnifique expérience à vivre.