Avec les cas coaching, je vous propose de découvrir des phrases ou questions que j’entends très fréquemment au cours de mes séances de coaching amoureux.
J’ai notamment décidé de regrouper dans un livre les questions et phrases que j’entends le plus souvent dans le cadre de mon métier de coach en relations amoureuses. Parmi celles-ci, j’en piocherai certaines que je développerai sur le podcast et le blog dans une série que je vais appeler “phrase de coaché.e” ou « PDC ». Ce format propose ainsi une réponse ou des réflexions autour d’une phrase spécifique et récurrente que j’ai pu entendre en coaching amoureux.
La phrase que j’ai sélectionné pour vous aujourd’hui est : “Je fais des efforts mais ce n’est jamais assez.”
Les injonctions de l’enfance
Cette phrase revient vraiment très souvent et, en général, elle fait écho avec des injonctions qu’on a pu recevoir quand on était enfant. En fait, on va avoir un certain nombre de comportements qui sont conditionnés par notre éducation.
Ce n’est pas le sujet de cet épisode donc je pourrais revenir dessus si cela vous intéresse. Mais, pour vous expliquer en bref, quand on est enfant, on n’est pas autonome. Jusque là, je ne vous apprends rien. Les enfants sont dépendants des adultes qui s’occupent d’eux, plus particulièrement les figures parentales.
Tout naturellement, un enfant désire que les personnes qu’il aime soient fiers de lui et l’aiment en retour. Quand on est enfant, on n’a pas conscience que les adultes qui s’occupent de nous, peuvent nous aimer inconditionnellement et qu’en soit on a rien besoin de faire pour être aimé puisqu’ils nous aiment pour le simple fait qu’on existe, qu’on soit. Donc on reçoit de l’amour pour notre être.
Les drivers
Dans l’enfance, il existe 5 phrases que les adultes ont tendance à répéter régulièrement. À savoir :
- « Fais plaisir ! »
- « Sois fort ! »
- « Sois parfait ! »
- « Dépêche-toi ! »
- « Fais des efforts ! »
À force d’entendre une ou plusieurs de ces phrases, on intègre ces injonctions. On se conforme à celles-ci pour conserver l’amour des personnes qu’on aime. Si bien que ces phrases font partie de notre pilote automatique en grandissant alors même qu’on ne cherche plus nécessairement à rendre fiers nos parents, nos enseignants etc.
Ces phrases deviennent des moteurs qui dictent nos comportements. Elles nous guident et nous font évaluer ce qui est bien, ce qui est mal, ce qui est valorisable etc. Et cela a des avantages comme des inconvénients.
Pour les personnes qui ont l’impression de ne jamais faire assez, que rien n’est assez bien, il y a très souvent une part de ces drivers qui est à l’origine de leur grille de lecture.
Une grille de lecture comportementale
Alors si vous faites partie des personnes qui ont le sentiment de ne jamais faire assez, je vous invite déjà dans un premier temps à faire une rétrospective vers votre enfance et regarder dans votre parcours personnel si des souvenirs vous reviennent.
Est-ce que parmi les 5 phrases que j’ai pu mentionner, certaines font écho à votre enfance ?
Plus particulièrement, est-ce que vous avez le sentiment qu’on vous a invité à être parfait ? Ou en tout cas, avez-vous perçu que plus vous étiez parfait ou parfaite, plus vous étiez valorisé et aimé ?
Dans l’enfance vous avez peut-être entendu des phrases comme :
- « tu peux mieux faire »
- « c’est bien, mais ce n’est pas suffisant »
- « j’attendais mieux de toi »
- « c’est bien MAIS … »
Ou alors peut-être que vous avez plutôt eu une éducation où on vous invitait à faire des efforts et à aller chercher toujours plus loin.
- « on ne se contente pas de la médiocrité »
- « On n’a jamais rien sans rien »
- « quand c’est trop facile, ca n’a pas de valeur »
- « quand tu fais quelque chose, fais-le bien ou ne le fais pas du tout » etc.
Ces schémas de comportements qui nous guident lors de notre enfance, puis à l’adolescence jusqu’à l’âge adulte sont des comportements qu’on ne remet pas en question de nous-même puisqu’on les a intégrés.
Revisiter ses schémas comportementaux
Ce sont des comportements qui peuvent nous servir mais aussi parfois nous desservir, notamment dans les relations amoureuses. Dans le lien, une personne qui a ce prisme de “fais des efforts”, par exemple, va naturellement reproduire une façon qu’elle connait d’être aimée en faisant des efforts.
Sauf que, là où ça se complique est que, son ou sa partenaire n’a peut-être pas le même référentiel. Je vois très souvent des personnes qui font des efforts sur des aspects où leurs partenaires ne leur ont rien demandé du tout.
Je vois des personnes qui s’épuisent à ne pas se sentir à la hauteur, à s’évertuer à mettre en place des actions pour satisfaire l’autre alors que leur partenaire n’a même pas conscience qu’il s’agit d’un effort.
Le hic avec la démarche est donc que la personne qui fait des efforts en vain, s’épuise.
Prendre de la hauteur dans la relation amoureuse
Pour remettre un peu de justesse là-dessus, la première chose qu’il me semble importante à vérifier est :
- Est-ce que votre partenaire a exprimé clairement une insatisfaction ?
Si oui, laquelle ? Si non, qu’est-ce qui vous permet de mesurer que ce vous faites n’est pas suffisant ?
Dans le cas où votre partenaire exprime une insatisfaction, il y a plusieurs façons de tourner le problème. Ce que je vois malheureusement trop fréquemment est que le ou la partenaire exprime des choses qui ne lui conviennent pas dans la relation. Et en réponse, la personne qui fait des efforts va placer ses efforts au mauvais endroit.
C’est-à-dire que, si je dois prendre un exemple pour grossir le trait, un partenaire pourrait dire : “je suis frustrée dans la relation, je ne me sens pas bien dans celle-ci, je trouve qu’on ne passe pas assez de temps ensemble.”
Et en réponse, peut-être que les efforts fournis seraient de rendre davantage service. En faisant la vaisselle, le ménage, en s’occupant de la logistique etc. En soi, la démarche est sympa. Mais elle ne permet pas de passer réellement plus de temps avec l’autre.
C’est là où, forcément, une bonne communication est indispensable.
Mon exemple est caricatural mais ce qu’il se passe en fait est que la personne n’écoute que le début de la phrase “je ne me sens pas bien dans la relation”. Ensuite, elle vient supposer ce qu’elle doit faire pour satisfaire l’autre. Sauf qu’en supposant, on ne tient pas compte de son ou sa partenaire, de ses besoins ou de son prisme puisqu’on regarde la situation en fonction de ce qu’on croit que l’autre veut. Donc on regarde la situation en fonction de nous-même.
C’est là où cela demande un peu de lucidité et d’ouverture.
Identifier clairement les besoins affectifs de chacun et chacune
Osez demander qu’est-ce que l’autre attend sincèrement, quel est son besoin. Est-ce que votre partenaire a identifié des façons de répondre à son besoin ? Ou est-ce qu’il ou elle a des suggestions sur ce que vous pourriez faire évoluer dans la relation ?
Donc faire des efforts, pourquoi pas. Mais est-ce que ce sont des efforts qui ont été spécifiquement demandés ?
Il y a parfois une forme d’auto sabotage à faire des efforts en étant “à côté de la plaque”. Notamment parce que l’on vient faire plein de choses pour satisfaire l’autre avant d’adopter une posture de victime sur le triangle dramatique de Karpman. On se positionne en victime en exprimant que finalement le problème vient de l’autre puisque rien n’est assez bien.
Là où, quand on creuse un peu, les efforts fournis ne sont absolument pas des choses qui ont été demandées.
Souvent, l’interaction qui s’ensuit est que le ou la partenaire exprime que les efforts fournis ne sont pas ce qui a été demandé et il y a un sentiment d’injustice qui naît. Forcément, si on a l’impression de faire plein de choses pour la relation et qu’en réponse, on n’a pas la reconnaissance attendue, c’est normal que l’on ressente de la déception ou que l’on trouve injuste que nos efforts ne soient pas valorisés.
Plus tôt, je vous demandais si votre partenaire a spécifiquement exprimé une insatisfaction, notamment parce que faire des efforts alors qu’on ne nous a rien demandé est également un cas qui génère beaucoup de frustrations ainsi que ce sentiment de ne jamais faire assez.
En fait, on a toutes et tous une vision de la relation et une idée de comment être un bon ou une bonne partenaire.
Parfois, on fait donc des efforts pour cocher les cases de l’amoureux ou l’amoureuse parfaite alors qu’en face notre partenaire n’attend absolument pas d’efforts de notre part.
Aller à la rencontre de l’autre
Il faut bien comprendre qu’on regarde la relation avec nos propres filtres et on va avoir naturellement tendance à agir en fonction de ceux-ci. On dit souvent qu’on donne ce qu’on a envie de recevoir. À cela s’ajoutent des injonctions de la société, de notre entourage et autres sur le “comment on doit agir en couple.”
Par exemple, vous pourriez avoir le sentiment que vous devez toujours être disponible émotionnellement lorsque votre partenaire en a besoin.
Vous allez donc, systématiquement, vous rendre disponible pour écouter votre partenaire qui a besoin de déverser ses émotions et cela va vous épuiser. Notamment, parce que vous n’écoutez pas nécessairement vos propres besoins à l’instant t mais cherchez à tout prix à “être un bon ou une bonne partenaire”.
Puis, un jour, vous n’êtes vraiment pas disponible et vous osez dire non. Et là, c’est le drame. Puisque peut-être que cela tombera sur la fois où votre partenaire avait davantage besoin de votre écoute. Là où peut-être que d’autres fois, il aurait été possible de temporiser, d’exprimer votre limite sans que cela ne génère de la friction. Malheureusement, vous tombez sur la fois où votre non disponibilité n’est pas bien reçue.
Cela vient ainsi valider la pensée selon laquelle vous devez faire toujours plus d’efforts. Vous êtes dans une situation qui valide une croyance que vous avez déjà. Et on arrive ainsi à cette pensée de “Je fais des efforts mais ce n’est jamais assez”.
Le biais de confirmation
Il y a un biais cognitif qui s’appelle le biais de confirmation. C’est-à-dire que l’on vient valider et confirmer des choses que l’on pense déjà vrai. Inconsciemment, vous vous retrouvez ainsi dans une situation qui vient vous confirmer que vous devez être parfait, que vous n’êtes pas assez, qu’il faut faire des efforts etc. Vous pouvez ainsi mieux regarder vos angles morts dès lors que vous avez conscience des éventuelles croyances sur l’amour, la relation, vous-même ou l’autre que vous pouvez avoir.
Comment changer de schéma ?
Vous voyez, ce cas de coaching peut prendre plusieurs formes différentes et il y a plusieurs facteurs à prendre en compte. En fait, je pense que c’est rarement voire jamais mono facteur.
Donc, si vous êtes dans ce cas, avec ce sentiment que vous faites des efforts en vain. Tout d’abord, je vous invite à venir regarder :
- Est-ce que des phrases font écho à votre enfance, notamment, les drivers comportementales ?
- Est-ce que votre partenaire vous a demandé de faire des efforts ?
- Si oui, sur quel sujet ?
- Si non, pour quelles raisons faites-vous des efforts sur le sujet en question ?
Ensuite, regardez ce que vous considérez être des efforts dans la relation. Puis, discutez-en ensemble. Peut-être que vous aurez le plaisir de découvrir que votre partenaire s’en fiche complètement d’un effort que vous faites et qui est coûteux pour vous. Cela vous permettra d’arrêter de le faire.
La notion d’effort dans la relation
Vous pouvez aussi vous demander quels sont les efforts que vous seriez prêt ou prête à faire, et qui ne sont pas trop douloureux ? Vous pourrez ensuite quantifier cet effort. Peut-être que vous n’aimez pas l’opéra mais une fois de temps en temps, pour faire plaisir à l’autre, vous pouvez accepter d’y aller.
C’est possible que vous n’aimiez pas du tout faire des massages mais parce que votre partenaire adore ça, une fois de temps en temps, vous acceptez d’en faire.
Ayez aussi conscience de vos besoins et de vos limites. N’allez pas vous mettre à franchir vous-même vos propres limites en faisant des efforts qui n’ont pas d’impact particulier sur la relation. Et puis surtout, à quoi bon vivre la relation d’une façon qui ne vous correspond pas.
Pourquoi chercher à un vivre une version du couple qui ne vous plait pas ?
J’entends, par exemple, beaucoup de personnes dire qu’elles ont peur de s’engager et d’être en couple. Non pas, par réelle peur de s’engager mais plutôt parce que l’image qu’elles ont du couple, ce qu’elles croient qu’elles doivent être et vivre en couple ne leurs font pas du tout envie.
C’est la même chose avec les efforts. Si vous pensez qu’être en couple implique de faire X efforts sur tel sujet, en telle quantité et que cela vous épuise rien que d’y penser, c’est normal de saturer. C’est possible que vous vous imposez un niveau d’exigence qui ne soit pas adapté.
Il est tout à fait possible de revisiter la vision que vous vous faites du couple pour que les fameux efforts que vous pourriez fournir se situent à des endroits moins douloureux.