Comment aider son ou sa partenaire à … ?

Mar 11, 2024 | Apprendre à se connaitre, Entretenir l'amour, Podcast

Comment aider son ou sa partenaire à … 

  • se débloquer
  • s’engager 
  • oublier son ex
  • communiquer ?

La démarche part souvent d’un bon sentiment mais cela demande de se poser une question avec beaucoup de justesse. Qui cherche-t-on vraiment à aider ? 

Est-ce qu’on agit pour le bien de notre partenaire, ou est-ce qu’on agit pour nous même car cela nous arrangerait beaucoup dans la relation qu’il ou elle prenne en charge le sujet en question. 

Dans cet épisode, je vais donc vous parler de cette notion d’aide à l’autre quand on est en couple. Dans quelle mesure est-ce que la proposition d’aide est saine et ce que cela implique d’aider sincèrement notre partenaire. 

Et je précise en couple puisqu’il s’agit d’un podcast sur les relations amoureuses mais très honnêtement, on peut avoir cette grille de lecture dans l’ensemble de nos relations interpersonnelles. 

Aider quelqu’un qui n’a rien demandé

La première chose que j’aimerais donc vous dire est qu’on ne peut pas aider quelqu’un qui ne souhaite pas être aidé. 

C’est un rappel qui me semble plus qu’important à souligner. On ne peut pas aider quelqu’un qui ne souhaite pas être aidé.

Cela ne fonctionne pas. Vous allez simplement vous épuiser à essayer de venir en aide à une personne qui n’aura que faire de vos suggestions, de votre empathie apparente ou de votre soutien. Vos paroles ainsi que vos actions ne seront pas réceptionnées. 

Quoique vous fassiez, mettre en place des actions pour aider quelqu’un qui ne souhaite pas elle-même être aidé, c’est comme remplir une bouteille d’eau percée. 

Il y a une très grande différence entre une personne qui exprime qu’elle voudrait bien de l’aide même si elle ne voit pas comment vous pourriez l’aider et une personne qui ne veut pas d’aide. 

Une personne qui ne veut pas être aidée aura potentiellement des mécanismes d’auto sabotage en place pour maintenir la situation existante. De même, elle a sûrement encore des bénéfices secondaires dans la situation donnée, ce qui implique qu’elle y reste que ce soit conscient ou non. 

Une posture inappropriée

Parfois, quand on persiste à vouloir apporter de l’aide à notre partenaire qui n’a rien demandé, cela peut-être parce qu’on a une forme de syndrome de l’infirmière ou du sauveur comme j’en parlais dans l’épisode 34 de ce podcast. 

Ou alors cela peut être parce qu’on entre dans un jeu psychologique avec le triangle de Karpman comme j’ai pu l’évoquer dans les épisodes 77 et 78. 

Et puis parfois, qu’on se le dise de façon très honnête, on cherche à se convaincre qu’on veut aider l’autre mais parce que cela va nous permettre de nous sentir plus en sécurité dans la relation ou parce qu’on obtient nous-même des bénéfices à voir le comportement de l’autre changer. 

Ce n’est pas une preuve d’empathie et d’amour de notre part que de chercher à aider la personne qu’on aime à, par exemple, tourner la page sur ses exs. Bien sûr, si ça fait souffrir l’autre, cela peut nous faire de la peine. Mais il faut aussi avouer que ça nous arrangerait beaucoup que l’autre personne tourne enfin la page pour que nous, on puisse vivre notre belle histoire. 

C’est la même chose pour quelqu’un qui aurait peur de s’engager, qui n’arrive pas à communiquer ou qui a besoin de se débloquer sur x sujet. Ce n’est pas que notre bonté de cœur qui nous pousse à agir. On est partie prenante de la relation et on vient injecter du contrôle pour que la relation prenne une direction qui nous convienne davantage. 

Alors je ne dis pas que ce n’est pas nécessairement une bonne idée de prendre les choses en main. Ce que je dis par contre c’est que, c’est une perte d’énergie pour tout le monde de chercher à aider à partir de cette posture là.

Le contrôle dans une relation

Le contrôle dans une relation, c’est quelque chose qui tue la spontanéité, les émotions et donc, par extension, l’amour. 

Quand on injecte du contrôle dans la relation, on vient figer la situation et supprimer plein de portes des possibles, en ne gardant que celles qui nous semblent justes dans notre référentiel. Sauf que ces portes que l’on ferme, ce sont peut-être celles dont notre partenaire a besoin pour avancer.  

Dans tout ce que nous vivons, il y aura toujours une part d’inconnu. 

Le contrôle dans une relation, on peut l’avoir dans le fait de regarder rétrospectivement les choses que nous avons vécu. Et en essayant d’anticiper les situations pour les remettre à leur place. 

Par contre, on ne peut pas contrôler le cheminement personnel de quelqu’un. 

Quand on suggère à une personne de faire ce que nous on croit être la bonne chose pour elle, on la rend parfois d’autant plus confuse. Ce qui est bon pour nous n’est pas nécessairement bon pour l’autre. 

Et c’est là où nous allons justement voir dans quelques instants dans l’épisode, quelle posture est réellement adéquate pour aider quelqu’un. Mais avant cela j’ai envie de faire une parenthèse pour les personnes qui veulent bien faire et mettre en place les bonnes conditions pour ne pas gâcher la relation.

Mettre en place les bonnes conditions pour l’autre

La démarche qui consiste à tout bien faire pour la relation est souvent très présente en début de relation mais aussi chez les personnes anxieuses. 

Il va y avoir une forme de peur de tout gâcher donc pour mettre toutes les choses de notre côté, on endosse le rôle du parfait amoureux ou de la parfaite amoureuse. 

On se met en quête du comment je fais pour aider mon partenaire à se détendre, à comprendre que je suis ok d’aller à son rythme ou encore à voir notre faculté de bienveillance pour qu’il ou elle n’ait aucun doute sur le fait qu’il ou elle peut tout nous dire.

Et quand on adopte cette posture, le hic, c’est qu’on vient tuer le naturel chez nous. On se met sur la pointe des pieds pour ne pas déplaire. On vient très souvent se suradapter et accepter des conditions qui ne sont pas complètement justes pour nous. 

Nos bénéfices secondaires

Je vous dis cela dans le sens où parfois on trouve nous-même des avantages à aller au rythme ou à fonctionner comme l’autre l’entend. Sauf que cela demande une certaine justesse de regarder s’il s’agit simplement du fait qu’on a le même fonctionnement. Ou alors du fait qu’on adopte ce fonctionnement pour ne pas déplaire. 

C’est très différent en termes de posture.

Dites vous bien que si vous agissez tel que vous êtes et que cela gâche toute la relation alors c’est que la relation n’a pas forcément un avenir joyeux. À partir du moment où vous devez éteindre des facettes de vous-même pour que la relation fonctionne, c’est que celle-ci ne fonctionne pas. Et on s’entend, cela ne veut pas dire que la relation est à mettre à la poubelle mais en tout cas, cela indique qu’il y a des ajustements à envisager. 

L’antidote à la suradaptation : la connaissance de soi

La connaissance de soi ça permet justement de distinguer qu’est-ce qui est vraiment inhérent à notre être et qu’est-ce qui ne l’est pas. Donc dans les comportements que l’on peut adopter pour tout faire bien, est-ce que ce sont des choses qui vraiment font partie de nous ou sont motivées par une démarche cachée. Par démarche cachée, j’entends : besoin de lien, envie d’être rassuré, anxiété présente, peur d’être oublié, sentiment de ne pas être à la hauteur etc. 

Je ferme maintenant cette parenthèse pour que nous puissions voir comment est-ce qu’on aide vraiment notre partenaire. 

La bonne posture pour aider son ou sa partenaire

Vous l’aurez compris, la première chose est de vérifier que notre partenaire souhaite recevoir de l’aide. 

Auquel cas, on peut alors venir demander s’il ou elle a une idée du type d’aide dont il ou elle a besoin. 

Éviter les conseils non sollicités

J’ai déjà eu l’occasion de le mentionner dans certains de mes épisodes précédents mais les conseils non sollicités peuvent verrouiller la communication. 

Quand on échange avec notre partenaire, cela peut arriver qu’on cherche et propose des solutions instantanément. C’est évidemment tout à notre honneur de vouloir aider l’autre. Mais comme je le disais, l’aide dont notre partenaire peut avoir besoin n’est pas forcément l’aide à laquelle on pense. 

Parfois, on a simplement besoin de s’exprimer, de digérer, de laisser les émotions nous traverser avant de nous orienter solution. Le fait de recevoir des conseils non sollicités peut être d’une certaine façon violent pour nous puisque cela implique de devoir traverser la situation plus vite que notre propre rythme. Dans un échange, on peut avoir besoin d’accueil, de validation et d’empathie plus que de potentielles solutions. C’est pour cela que le simple fait d’écouter son ou sa partenaire peut déjà être libérateur et guérisseur. 

Faire preuve de curiosité et patience

Ce qui nous amène à la notion de curiosité et de patience. 

Quand on veut aider son ou sa partenaire à traverser quelque chose, il est important de respecter le rythme de la personne. C’est sûr que cela n’ira peut-être pas aussi vite qu’on le souhaiterait. Mais c’est important de réaliser que si on force la personne à prendre un raccourci, potentiellement, il va y avoir des petits restes quelque part qui à un moment donné viendront nous exploser en plein visage. 

Donc respecter le cheminement et le rythme de l’autre est primordial. 

De même que la capacité à faire preuve de curiosité sur ce que la personne est en train de vivre. On a une tendance, qui est très naturelle, à regarder une situation en fonction de notre propre prisme. Sauf que quand on veut aider quelqu’un, cela demande de venir regarder la situation avec la vision du monde de notre partenaire. 

Les choses qui touchent notre partenaire ne sont pas nécessairement celles qui nous touchent. 

J’entends fréquemment des couples dans leurs échanges dire des propos tels que : 

  • “Mais ça, ce n’est rien du tout”
  • “On s’en fiche de ça”
  • “Cela n’a pas d’importance”

Sauf que la personne parle depuis son référentiel sans venir regarder que depuis la montagne de l’autre, bien sûr que si ça a de l’importance et un impact. Très fréquemment c’est de la maladresse. Mais nos paroles ont un impact sur l’autre. 

Entendre que quelque chose qui nous touche n’a pas d’importance peut être blessant. 

D’où le fait d’adopter une posture de curiosité mais aussi de patience envers ce que notre partenaire peut traverser. 

Je vais d’ailleurs appuyer ce propos avec une image qui est celle d’une plante. On ne fait pas pousser une plante en tirant dessus. On aura beau tirer dessus, la seule chose qu’on aura réussi c’est de la déraciner. Non pas de l’aider à mieux pousser. 

C’est pareil avec le cheminement d’une personne. Ce n’est pas en tirant sur notre partenaire que l’on parvient à le ou la faire grandir. 

Être dans une forme de disponibilité personnelle

Un autre aspect important pour aider l’autre va être de soi-même, être disponible et dans des conditions émotionnelles adéquates. Je ne dis pas qu’on ne peut pas aider quand on est soi-même au bout du rouleau. Parfois cela permet justement de nous sortir de notre tête mais c’est quand même souvent plus serein d’avoir une disponibilité mentale pour aider l’autre quand on est soi-même stable émotionnellement.

Si on cherche à aider l’autre alors que déjà on galère sur certains aspects de notre vie, on risque de développer une forme de ressentiment de faire passer l’autre avant nous-même.

Mais je précise que c’est évidemment une question d’équilibre. Si on n’a pas de tendance à s’oublier et qu’on est en capacité de donner sans se vider de notre énergie, tout va bien. 

Ce qui m’amène à un autre pré-requis pour aider son ou sa partenaire : avoir des limites claires et définies.

Connaître nos limites

Reconnaître ses propres limites dans une relation amoureuse est essentiel pour préserver son équilibre émotionnel et maintenir une dynamique saine. Il est primordial de se poser des questions cruciales telles que : 

  • Jusqu’à quel point suis-je prêt ou prête à donner de mon temps personnel pour soutenir mon partenaire ? 
  • Quelle est la nature de l’aide que je suis disposé(e) à fournir ?
  • Dans quelle mesure puis-je maintenir un équilibre entre mon engagement envers mon ou ma partenaire et mes propres besoins ?

Lorsque nous définissons clairement nos limites, cela permet d’établir des frontières respectueuses au sein de la relation. Et ces frontières deviennent les fondations d’une compréhension mutuelle, évitant ainsi la frustration et le ressentiment qui peuvent découler d’attentes non exprimées.

Quand notre partenaire a besoin d’aide, il est donc important de pouvoir communiquer de façon transparente nos propres limites. Cela amène la possibilité à l’autre de mieux formuler ses demandes d’aides et cela nous sécurise aussi puisque le cadre dans lequel on interagit est respectueux des deux partis. 

Poser des limites est autant un acte d’amour envers soi-même qu’envers son partenaire. 

Apporter des suggestions

Et enfin, dernier aspect. Bien évidemment, si notre partenaire ne sait pas comment demander notre aide, on peut lui faire des suggestions. Si la personne a le nez dans ses soucis et qu’elle n’arrive pas à y voir clair, on peut évidemment émettre des propositions et voir comment celles-ci sont réceptionnées. 

Il y a une grande différence entre imposer des conseils ou des actions non sollicités et le fait de les suggérer une fois qu’on s’est assuré que notre partenaire souhaitait entendre nos propositions. 

Dans le cas où on a envie d’apporter notre aide à une personne qui est complètement fermée, on peut la faire parler de ce qu’elle ressent pour l’amener à s’ouvrir. Cela dit, il faut garder en tête que si elle est complètement fermée à la communication, on aura beau mettre tout le papier bulle de la Terre autour d’elle pour la préserver, ça ne changera rien.

Parfois la plus belle aide qu’on peut apporter c’est de déléguer. En disant par exemple : “écoutes, je sens bien que mes mots ne t’atteignent pas. J’ai de la peine pour ce que tu vis en ce moment et je me sens impuissante. Peut-être qu’aller voir un ou une professionnelle sur ce sujet te ferait du bien.” 

On ne peut pas savoir à l’avance l’impact que notre aide aura. Mais aussi, notre valeur personnelle reste inchangée que l’on ait pu apporter l’aide que l’on voulait sous la forme que l’on désirait.