Avec les beaux jours qui reviennent, la chaleur qui augmente et la bonne humeur ambiante, je me sens un peu plus libre. Je reprends petit à petit de l’énergie après avoir eu l’impression d’hiberner pendant de longs mois. J’aime sentir le soleil sur ma peau, ressortir mes jolies robes légères pour apprécier les promenades sous la chaleur écrasante.
Les gens dans la rue sont plus avenant. Ils ont envie de communiquer. De rencontrer. De créer du lien. C’est dans cette atmosphère que la semaine dernière, un homme que j’ai croisé m’a dit « franchement, vous êtes là plus belle chose que j’ai vu dans ma vie. »
Cette remarque m’a interpellée. Une chose assez surprenante est que, des fois, recevoir des compliments d’inconnus sur mon apparence physique peut me faire plaisir et d’autres fois, me crisper.
La banalité d’un compliment sur l’apparence
À mon sens, faire un compliment sur l’apparence est un choix facile. Il est assez aisé de concevoir que cela fait généralement plaisir, qu’on le veuille ou non. On peut tous être touché, un jour ou l’autre, par un compliment sur le physique. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’est humain de vouloir plaire. Tout ce qui touche à la séduction, touche à notre égo.
Cela dit, ce type de compliment sur l’apparence est devenu, d’une certaine façon, banal. Ce n’est pas rare, pour de nombreuses personnes (généralement des femmes), de se faire dire qu’elles sont très belles en se promenant. Qui plus est, pour moi, ce type de compliment n’a que peu d’impact positif.
J’en parlais dans mon épisode de podcast sur les langages de l’amour. Quand on me fait une remarque sur mon physique, je suis rarement profondément touchée. Tout simplement parce que mon physique est indépendant de ma volonté. Bien évidemment, je peux modeler mon corps en faisant du sport et en adoptant des habitudes de vie saine mais en soit, si je dois mon apparence physique à quelqu’un, ce serait à mes parents.
Un choix de mot douteux
Par ailleurs, cette fois-ci, j’ai été contrarié par cette remarque. La personne était peut-être prise de court et elle a parlé spontanément mais les mots ont leur importance.
La plus belle chose
Je suis la plus belle chose qu’il ait vu. L’emploi du mot chose m’a particulièrement dérangé.
Si nous regardons la définition du mot chose, il s’agit d’un synonyme d’objet ou alors :
- être humain incapable d’autonomie
- Être humain entièrement dépendant de quelqu’un d’autre
Cela me dérange particulièrement d’avoir été évoqué en tant que personne qui doit dépendre d’une autre ou être comparé avec un objet. Peu importe dans quel sens je tourne la définition du mot chose, à aucun moment cela ne me convient.
De même, cela illustre d’une certaine façon une étude dont j’ai entendu parler il y a quelques années grâce à Emma. Lorsque nous regardons des corps féminins sexualisés, la partie du cerveau qui s’active pour traiter l’information est traitée de manière analytique. C’est-à-dire que nous voyons les corps féminins comme des objets, des choses. Littéralement ce que cet homme m’a dit.
La drague de rue
On en entend parler depuis plusieurs années. Quand on évoque la drague de rue, on fait facilement un raccourci vers harcèlement de rue. À l’origine pourtant la drague de rue, il y a de nombreuses années, c’était quelque chose de valorisant. Tant pour les hommes que pour les femmes. Alors comment se fait-il que désormais, ce soit un signe de manque de considération ? Comment peut-on faire pour remettre du respect et de l’humain dans tout ça ?
Un désaccord sur l’objectif à atteindre
Ce sujet, de drague de rue, divise énormément. D’un côté, il y a les hommes qui s’affolent de ne plus pouvoir aborder et draguer des femmes. Ce qui fait sourire c’est que, souvent, ces personnes qui s’inquiètent ne sont pas ceux qui draguent dans la rue.
De l’autre, il y a certaines personnes qui estiment qu’il ne faut plus du tout être abordé dans la rue. Là où d’autres au contraire, apprécient l’expérience et reçoivent un petit boost de confiance en soi lorsque cela arrive. Il y a une réelle lutte entre êtres humains sur ce sujet. À mon sens, c’est un peu comme le débat pain au chocolat ou chocolatine. Il continue d’animer les conversations et il me semble que ces débats ne saurait trouver de verdict final qui mette tout le monde d’accord.
La dérive d’une pratique
À ce stade de la lecture, vous vous demandez peut-être pourquoi je parle d’art ancestral oublié ? Tout simplement parce que dans le temps, les hommes qui osaient aborder des femmes comme ça étaient vu comme des “personnes stylées”. C’est une démarche qui est angoissante d’oser parler à des inconnus. Avant de réussir à obtenir un rendez-vous, il faut essuyer un certain nombre de refus. Cela témoignait d’une forme de prise de risque, de développement de confiance en soi et d’un soupçon de culot d’oser aborder un.e inconnu.e.
Cette pratique auparavant été faite dans le respect et avec une notion de consentement. Aujourd’hui, je ne suis pas convaincue que cela fonctionne encore beaucoup. Tout simplement parce qu’il y a eu une dérive. Certaines personnes ne tolèrent plus le fait que le rejet fait partie de l’expérience.
- Pas de réponse et c’est les insultes qui fusent.
- Un non est donné mais la personne refuse d’accepter sa défaite et suit la personne.
- Un refus et la personne insiste jusqu’à avoir l’autre à l’usure.
Le résultat de ce type de comportement est que, finalement, les personnes qui reçoivent ces interactions se voient dans l’obligation de mettre en place des mécanismes de défense car il s’agit d’une situation qui devient hostile :
- insultes
- Poursuites
- agressions
- épuisement mental
On crée l’association drague de rue = danger pour se protéger. C’est tout à fait légitime. Personne ne devrait avoir à se faire insulter, agresser ou harceler. Malheureusement, à cause de certaines personnes qui manquent de civisme, nous sommes obligés d’élever la voix, de se révolter, d’éduquer tant bien que mal, pour qu’enfin, on puisse faire évoluer les mentalités.
Doit-on vraiment arrêter de parler totalement à des gens dans la rue ?
J’entends des hommes dire qu’eux, ça leur ferait plaisir qu’on vienne les draguer dans la rue. Il est vrai que dans l’imaginaire commun, il est coutume que ce soit encore aujourd’hui, à l’homme de faire le premier pas. (En France en tout cas.) Alors quand une personne vient faire le premier pas pour eux, même s’ils ne sont pas intéressés, cela n’est pas vu comme du harcèlement. C’est comme si le harcèlement n’allait que dans un sens, ce sentiment vient ainsi renforcer la vision des inégalités entre les genres.
Personnellement, j’ai déjà fait de très belles rencontres en abordant des personnes dans la rue. Je n’aborde pas forcément la personne sur son physique mais il m’arrive de m’arrêter sur un skateboard original et de discuter avec le propriétaire. (Mon ami se reconnaitre sûrement :))
Il m’arrive aussi de dire à une personne qu’elle a un sourire magnifique ou que sa bonne humeur est communicative. Que ce soit des hommes ou des femmes. Je le fais de façon très spontanée sans attendre quoique ce soit en retour. De même quand cela m’arrive, cela me mets du baume au coeur.
Il est vrai que lorsque l’on voit une personne dans la rue, on ne la connait pas. La première chose qui va nous attirer chez elle est le physique. Ce serait mentir que de dire “J’aimerais beaucoup vous parler parce que vous avez l’air très bienveillante” ou “Je ressens que vous êtes une personne très respectueuse et fidèle”. Les personnes qui draguent dans la rue s’accrochent à ce qu’elles voient puisque c’est la seule information qu’elles ont.
Refuser les interactions
En refusant totalement les interactions avec des inconnus, nous renforçons l’individualisme de la société. Si c’était condamné de parler à un inconnu, cela voudrait dire que je ne pourrais plus demander ma route quand je n’ai plus de batterie sur mon téléphone ?
De même, qu’en est-il des personnes qui ne comprennent pas les implicites ou qui ont des modes de pensées plus rapides ou différent des normo-pensants ? Il est trop compliqué d’ajouter des codes de conduites flous comme “Si la personne porte des écouteurs ou un casque, il est interdit d’aller lui parler”.
La nature humaine
Nous sommes des êtres de lien. À partir du moment où nous vivons en société, nous ne pouvons pas exiger que personne ne vienne jamais nous interrompre dans nos programmes ou que personne ne vienne jamais nous adresser la parole. À partir du moment où j’interagis avec l’environnement dans lequel je suis, les êtres humains qui le composent sont aussi en droit de venir en interaction avec moi. Là où ce n’est pas bon, c’est si je fais part de la non réciprocité et que la personne insiste. Je ne devrais pas avoir à me justifier de ne pas avoir envie de faire connaissance avec quelqu’un.
“vous ne me connaissez pas, vous me jugez sur mon apparence en refusant de me parler”
Cette remarque est déjà contradictoire puisque la personne vient activer un levier de culpabilité alors qu’elle nous a elle-même abordé en se basant sur le physique. Sans juger quelqu’un, j’ai déjà un certain nombre d’amis, une vie bien remplie. Je n’ai pas forcément de place pour une personne supplémentaire. Qui plus est, si j’ai de la place, ce sera peut-être pour une personne dont l’approche a été différente, plus marquante. Maya Angelou disait justement à ce sujet :
“Les gens oublieront ce que vous avez dit, ils oublieront ce que vous avez fait, mais n’oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir.”
Les lieux d’échanges socialement acceptés
J’ai déjà entendu dire qu’il y a des lieux spécifiques où c’est toléré d’aborder des gens de telles manières. Les bars, les fêtes, les concerts etc. Le souci avec ce type de raisonnement est que, bien qu’il y ait une part de vérité dans le fait de pouvoir faire des rencontres dans ces lieux, certaines personnes n’ont pas les moyens de fréquenter ces lieux et cela ne fait que creuser les inégalités.
Il y a des personnes qui n’ont que la rue pour faire des rencontres. Devrait-on alors leur refuser toute opportunité de vivre une belle histoire d’amour ?
Comment remettre du civisme dans nos relations ?
Le problème avec ce type d’article sur la séduction ou la drague de rue est que les personnes concernées ne sont pas celles qui lisent les articles. Les personnes qui vont voir ce que je pense sont très probablement des personnes qui sont déjà éduqués sur le sujet.
Cela dit, nous pouvons chacun faire un pas vers des notions qu’il faut remettre au centre de nos échanges
- le respect
- le consentement
- apprendre à dire non et recevoir un non
Et dans toutes nos relations, il est important de commencer à prendre nos responsabilités. Non, ce n’est pas faire preuve de civisme que de ghoster une personne, refuser de s’ouvrir ou attendre que l’autre fasse tout le travail pour créer un pont émotionnel.
Trouver l’amour. Entretenir l’amour. Pour y parvenir, il est important d’apprendre à se révéler. Notre arme de séduction à tous réside dans notre unicité et non dans des techniques de dragues douteuses.
J’espère que cet article avec mes différentes réflexions du moment vous a plu. Si vous souhaitez trouver l’amour, avoir des clés pour entretenir vos relations, vous engagez réellement ou oser prendre votre place et vous affirmer, vous pouvez réserver une séance de coaching avec moi.
Avec amour,