Êtes-vous familier ou familière avec le terme de charge mentale ? Ce fardeau insaisissable qui accompagne la gestion quotidienne de nos vies, souvent sans que nous en soyons pleinement conscients.
Dans cet article, je vais approfondir le sujet de la charge mentale au cas où ce ne soit pas un terme avec lequel vous êtes familier. Je vous parlerai aussi des conséquences de la charge mentale et comment cela se manifeste dans nos vies. Cela me permettra aussi d’embrayer sur un des 6 conflits insolubles du couple qui concerne la répartition des tâches ménagères. Et enfin, je pourrais vous proposer des pistes à explorer pour alléger la charge mentale et la partager quand on est en couple.
Et pour l’anecdote, cela me fait sourire d’aborder ce sujet puisqu’il y a quelques années, alors que je donnais une définition de la charge mentale, un ami m’avait rapidement repris parce que j’avais démarré en disant « la charge mentale en fait, c’est quand les femmes… » sous-entendu qu’il n’y a que les femmes qui connaissent cette problématique, ce qui n’est évidemment pas le cas.
Qu’est-ce que la charge mentale ?
La charge mentale désigne le poids psychologique et émotionnel résultant de la gestion mentale des tâches et responsabilités quotidiennes. Cela va au-delà des simples activités à accomplir, englobant également la planification, l’organisation et la coordination des différents aspects de la vie quotidienne.
La charge mentale, c’est le fait de devoir penser à plein de choses en permanence. Cela devient une charge à partir du moment où c’est pesant d’avoir autant de choses en tête. Pour les personnes très organisées, une charge mentale se repère sur une todo liste à rallonge qui ne désemplit pas malgré des actions concrètes mises en place pour essayer de l’alléger.
On peut avoir de la charge mentale au travail. Quand c’est le cas, cela mène assez fréquemment à l’épuisement professionnel. Quand on forme une famille monoparentale, on a souvent beaucoup de charge mentale. Dans cet épisode, je vais surtout me concentrer sur la charge mentale dans le couple mais bien sûr, les pistes à explorer sont valables qu’importe votre statut relationnel.
La charge mentale et le couple
Dans une relation de couple, la charge mentale comprend l’ensemble des tâches explicites ou implicites qui sont attribuées à l’une des personnes du couple.
Cela peut être les tâches ménagères qui sont majoritairement prises en charge par l’une des deux personnes. Cela peut aussi se manifester sur la gestion des repas. Le fait de devoir penser au repas, préparer les menus, faire la cuisine et faire les courses.
Quand on a des enfants, il y a leur éducation et le fait de s’occuper d’eux. Que ce soit pour jouer, pour l’apprentissage, pour leur santé, pour les goûter avec les copains et copines etc.
On en parle pas assez souvent mais une forme de charge mentale dans le couple va être la responsabilité de l’entretien de la relation conjugale. Souvent c’est s’appliquer à garder la connexion, à initier la communication, plus particulièrement sur les sujets délicats. Cela va être la programmation de rendez-vous, la prise en charge des projets de couple etc.
Une charge supplémentaire qui peut s’ajouter va être la pression que l’on s’impose à vouloir “assurer sur tous les plans”:
- Être un bon ou une bonne partenaire
- Être un bon parent
- Avoir un logement bien rangé
- Réussir sa carrière
- Être un bon ou une bonne amie
- Avoir de belles relations avec sa famille
- Prendre soin de soi et de sa santé
Vous voyez, c’est vraiment quelque chose de multifacteur.
Les racines de la charge mentale
La charge mentale est souvent associée aux femmes en raison des rôles traditionnels de genre qui sont assignés aux hommes et aux femmes depuis de nombreuses années.
Vous le savez très certainement mais historiquement, les femmes étaient au foyer, elles étaient responsables de la bonne tenue de celui-ci mais aussi de l’éducation des enfants pendant que l’homme était chargé d’apporter la sécurité matérielle et financière du foyer.
Cette division des rôles a créé une dynamique où les femmes étaient chargées non seulement des tâches physiques, mais aussi de la planification mentale associée à ces responsabilités.
La charge mentale dans les relations actuelles
Même si aujourd’hui, les codes de relations évoluent et que de plus en plus de femmes occupent des postes professionnels et contribuent de manière significative aux revenus du foyer, la charge mentale persiste souvent en raison de plusieurs facteurs.
En somme, la charge mentale peut affecter n’importe qui, indépendamment du sexe. Elle peut émerger de multiples domaines tels que le travail, la famille, les relations personnelles, et celle-ci va entraîner un stress, une fatigue mentale et émotionnelle.
Il y a ainsi un équilibre à trouver dans la répartition de la charge mentale et aussi la reconnaissance de son existence pour le bien-être d’une relation de couple ou tout simplement la relation qu’on a avec soi-même.
Le ressenti de la charge mentale
Ce qui est à prendre avec des pincettes sur la charge mentale est que, le ressenti d’une charge mentale nous est propre. Il y a une enquête qui avait été réalisée en 2017 par rapport à ce sujet et le résultat qui ressortait est que 8 femmes sur 10 considèrent souffrir d’un excès de charge mentale.
On n’a pas tous la même énergie, la même disponibilité et la même propension à prendre en charge certaines choses.
Je vous dis ça non pas pour minimiser la charge mentale que vous pouvez avoir, au contraire, mais plutôt pour avoir une vision d’ensemble.
Par exemple, cas utopique : un couple partage à 50-50 l’ensemble des tâches ménagères. Malgré cette répartition, l’un ou l’autre des partenaires pourrait être sujet à de la charge mentale.
Une charge mentale contextuelle
Personnellement, je me rends compte que depuis que je travaille à mon compte, ayant une charge mentale importante dans mon travail, je n’ai plus la même capacité et la même disponibilité que j’ai pu avoir par le passé pour la charge mentale associée au couple.
La charge mentale en termes de ressentis n’est pas la même quand on passe de 0 à 1 enfant ou même de 1 à 4 enfants. Ce n’est pas le même ressenti quand on change de travail, quand on prévoit un déménagement, quand il y a un bouleversement dans notre vie tout simplement.
Reconnaître la charge mentale
Aujourd’hui y a plusieurs facteurs qui font que la charge mentale continue à être dans une répartition inéquitable. Cela peut être des normes sociales, des habitudes établies non revisitées, une communication et des attentes non explicités ou encore une forme d’inertie culturelle.
Je vais vous donner des exemples de comment se manifeste subtilement la charge mentale.
Son ou sa partenaire comme deuxième cerveau
La charge mentale peut être quand l’école des enfants choisit d’appeler la mère plutôt que le père même si c’est ce dernier qui est mis en premier contact a tenter.
La charge mentale, ça peut être :
- Chéri, je vais cuisiner, est-ce que tu peux me dire où est rangé le sel déjà ?
- Je vais mettre la table, où sont les assiettes ?
- On a quoi de prévu le week-end prochain ?
- Il y a bidule qui nous propose de partir en vacances, on est disponible ?
- C’était quand la dernière fois où je suis allée chez le dentiste ?
- Tu sais où est rangé ma chemise préférée ?
Dans ces exemples, vous voyez, généralement ça part de bons sentiments et d’une bonne intention. Mais la personne se repose beaucoup sur l’autre pour penser à sa place, pour retenir où sont rangés les affaires, pour se souvenir de l’emploi du temps pour deux, pour avoir en tête les éléments de santé de l’autre etc.
Une notion d’accumulation
La charge mentale peut aussi être le fait de devoir systématiquement verbaliser et formuler des demandes pour obtenir un accomplissement partagé des tâches. Un exemple assez basique est que si je fais la cuisine et que j’annonce à mon partenaire que le repas est presque prêt et qu’une fois celui-ci est prêt, je dois lui demander de mettre la table.
Jusque là, à priori, ce n’est pas horrible mais le fait de devoir demander quand il y a déjà une accumulation dans les tâches qui me sont attribuées, cela revient à m’assigner le rôle de chef de la maison.
- “Mets la table, range le linge, fais le repassage, aide moi pour la vaisselle, peux-tu aller faire les courses etc.“
Finalement, je deviens la gestionnaire de projet du logis. Et c’est là où la charge mentale n’est pas bien répartie. Mais je le répète, on ne va pas tous avoir le même ressenti de charge mentale.
Comment gérer la charge mentale dans le couple ?
Pour gérer la charge mentale, il y a plusieurs choses qui peuvent être faites. Notamment en termes d’organisation. On peut lister l’ensemble des choses qui sont dans notre tête pour pouvoir déjà les extraire de notre tête et ensuite très important, prioriser.
Il y a une forme de lâcher prise qui peut être nécessaire sur le fait qu’il existe des choses hors de notre contrôle. Parfois, cela peut être bon de se retirer la pression qu’on s’impose comme j’ai pu le dire avant d’être parfait sur tous les plans. Soufflons un bon coup.
Une autre chose qui est intéressant à explorer aussi, en terme de priorisation va être le fait de dire non plus souvent. Le fait de dire non à certains programmes ou d’en annuler certains va permettre de libérer de l’espace. L’un des soucis avec la charge mentale et qu’à force de penser aux autres, au travail, au logement, aux enfants, au couple etc. On oublie d’avoir de l’espace pour penser à soi et prendre de soi.
Le fait de valoriser son propre temps et son emploi du temps est une forme d’affirmation de soi.
Un conflit insoluble : Les tâches ménagères
Pour partager la charge mentale dans le couple, je vais m’appuyer sur la répartition des tâches ménagères. Il faut savoir que cette gestion là fait partie des 6 conflits insolubles que le couple peut rencontrer.
Qu’est-ce qu’un conflit insoluble ?
Les conflits insolubles sont des sujets pour lesquels il va être important de trouver un terrain d’entente à double gagnant. C’est ce qu’on appelle faire des compromis puisque finalement dans une relation il ne peut y avoir que deux gagnants ou deux perdants.
Un conflit insoluble dans le couple se réfère à une divergence d’opinions, de valeurs ou de besoins entre les partenaires qui résiste aux tentatives de résolution ou de compromis.
Contrairement aux conflits plus courants qui peuvent être discutés, négociés et résolus avec le temps, un conflit insoluble persiste, souvent malgré les efforts conjoints des partenaires pour le résoudre.
La répartition des tâches ménagères
Le sujet des tâches ménagères, tout les couples ne le rencontrent pas puisque cela arrive souvent lorsque l’on vit ensemble, ce qui n’est pas le cas de tous les couples. C’est un sujet qui contribue souvent à alimenter la charge mentale de l’un des partenaires d’où le fait que je le mentionne maintenant.
En général, à moins qu’un des partenaires ne décide de rester à la maison et de prendre en charge ces responsabilités, la répartition des tâches ménagères est souvent un point névralgique.
On voit fréquemment des couples où une des personnes est ordonnée, l’autre désordonnée. Souvent la personne ordonnée sous-estime l’apport de son partenaire tandis que la personne désordonnée surestime ses contributions dans et autour du logement.
Ce qu’il se passe est que, lors des disputes, l’accent est souvent mis sur ce que l’autre ne fait pas ou ne fait pas correctement. Il y a beaucoup de couples qui essayent d’avoir une équité parfaite. Mais un 50-50 est très souvent impossible à atteindre.
Quelle gestion adopter ?
La solution face à ça, ça va être de dresser une liste exhaustive des tâches ménagères. De cette façon, il y aura une vision claire des responsabilités, éliminant ainsi les malentendus potentiels.
Ensuite, la distribution des tâches peut être effectuée et chacun va s’engager à les accomplir. Et pour ces tâches, il va être indispensable d’accepter que l’autre réalise ces tâches à sa manière, même si elle diffère de la nôtre.
On ne reproche pas à l’autre de faire les choses à sa façon. Si vous trouvez que c’est mal fait alors prenez éventuellement en charge la tâche et demandez à inverser une tâche qui vous était attribué.
Quelque chose qu’on oublie parfois de prendre en compte est qu’on n’a pas tous les mêmes affinités sur les différentes tâches. J’avais un partenaire pour qui c’était très difficile de faire la vaisselle mais qui aimait passer l’aspirateur. Dans ce cas là, je lui laisse volontiers le rôle de l’aspirateur et je m’occupe de la vaisselle.
On n’est pas obligé de faire exactement toutes les mêmes tâches. Je peux aimer étendre le linge, repasser, faire le lit, faire la poussière donc autant que j’aille vers les choses qui ne me dérangent pas.
Et pour finir sur ce conflit là, il y a un geste souvent négligé mais puissant dans la gestion de ce conflit qui est la reconnaissance régulière. Remercier son partenaire pour les tâches accomplies, aussi petites soient-elles, peut renforcer le sentiment d’appréciation mutuelle et donc contribuer à créer un environnement plus harmonieux.
Quand bien même on s’est attribué les tâches, on peut se remercier mutuellement de le faire.
S’émanciper des injonctions
Un système de gestion personnel
Aussi, j’aimerais bien qu’on puisse s’émanciper des injonctions. Il y a des personnes qui aiment être femmes et hommes au foyer. Y a des personnes qui vont prendre en charge de nombreuses choses dans le couple et ont du plaisir à le faire.
De notre perception, cela peut être de la charge mentale puisqu’on réfléchit en fonction de notre propre prisme. Cela dit, je vous invite à garder en tête que pour certaines personnes, ce ne sera pas ressenti comme tel.
Il n’y a pas qu’une bonne façon de faire. Ce qui compte c’est de mettre en place le système qui nous convient à nous dans la relation.
Les discours qui nous opposent
Ensuite, il y a un discours assez fréquent qu’on peut entendre comme :
- “Tu as de la chance, ton partenaire il t’aide dans les tâches ménagères”.
- “Ce n’est pas de la chance, c’est juste normal”
- “On a fait un enfant à deux donc on doit le prendre en charge à 50-50”
Je trouve que cela peut être assez culpabilisant de tenir ces propos. Effectivement, c’est rare que l’on célèbre la personne qui en fait le plus. On va avoir tendance à encourager et applaudir la personne qui accepte de partager les tâches puisqu’il est vrai que ce n’est pas le cas dans tous les couples.
S’émanciper des injonctions
De là à dire que c’est juste normal, je trouve que ça rajoute une injonction sur une injonction. En fait, on va toutes et tous essayer de construire des modèles qui fonctionnent pour nous donc la normalité n’a pas nécessairement besoin d’être brandi.
Évidemment, si c’est source de souffrance on s’en occupe dans le couple, il est primordial de rétablir une équité et trouver des compromis. Mais il y a des personnes qui vont adorer avoir l’ensemble des tâches ménagères, ou s’occuper majoritairement des enfants sans avoir besoin qu’on vienne leur dire qu’elle devrait fonctionner différemment parce que la normalité veut que le partage soit à 50-50.
De même, je pense que dans le couple, c’est bien de se remercier, de s’encourager et de se valoriser et ce, des deux côtés.
S’encourager et valoriser le positif
Je me souviens d’une conférence où un homme avait pris la parole en disant justement “Notre enfant, on l’a fait à deux, c’est juste normal que je le prenne en charge et que je quitte mon travail aussi s’il y a un problème et qu’il faut aller le chercher.”
La réaction de la salle avait été de l’applaudir. Je me souviens très bien ne pas avoir applaudi et avoir été perplexe. Aujourd’hui, cela me fait sourire d’y repenser puisque, c’est plus rare que sur ce type de prise de parole, une femme se fasse applaudir avec le même propos. La norme sociale a l’habitude qu’elle le fasse et de manière général on n’est pas surpris d’entendre un tel propos venant d’une femme.
Mais finalement, je me dis que si le fait d’être applaudi et encouragé de cette manière permet à certains ou certaines de se mettre en route, pourquoi pas et tant mieux.
Je vous invite à valoriser ce que vous trouvez positif de manière très générale autour de vous, aussi anodin que cela puisse paraître. On a naturellement tendance à relever le négatif alors on peut essayer de changer le monde en cultivant aussi positif.
En tout cas, on a encore du chemin à faire sur de nombreux sujets de société, ça n’avance pas forcément aussi vite qu’on le souhaiterait. Ce qui est sûr c’est que, pour votre couple, vous avez désormais des pistes pour partager cette charge mentale.
Si la communication est compliquée ou que ces sujets ne se résolvent pas, c’est dans des cas comme ça où il peut être intéressant de faire appel à une personne externe. Que ce soit moi pour du coaching amoureux ou des accompagnements en thérapie, en conseil conjugal etc.
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