Quand la dépression s’invite dans la relation

Août 8, 2022 | Accompagnement, Guérir son coeur, Sauver son couple

Mise en garde : Mention de suicide et dépression dans cet article 🙂

Je ne vais pas rentrer dans les détails mais j’ai envie de vous parler de mon expérience de dépression. Cela m’est venu en ouvrant un vieux carton qui date d’un déménagement d’il y a bien dix ans. J’ai retrouvé un livre qui fait partie des choses qui m’ont sauvé.

Dans nos relations amoureuses, il arrive d’être avec un.e partenaire en dépression ou alors d’être soi-même en dépression pendant la relation. 

Ce n’est pas toujours facile à gérer, d’un bord comme de l’autre. Et donc je me dis que peut-être que ce je vais raconter pourra contribuer à naviguer vers la guérison, l’empathie, le soutien et la compréhension plus aisément dans votre relation amoureuse ou vos futures relations. Peut-être que cela fera écho à des choses que vous vivez et donc j’ai envie d’une certaine façon de vous transmettre des clés d’intelligence émotionnelle.

Mon histoire personnelle

Les origines du mal-être

Quand j’étais au lycée, j’ai fait une dépression. Je ne voulais pas l’admettre, je ne voulais pas accepter que je puisse aller mal. Je savais très bien qu’en soi « j’avais tout pour être heureuse ». Et pourtant, j’ai sombré.

Je suis à l’aise à l’idée d’en parler aujourd’hui car je pense que c’est important de pouvoir s’exprimer sur le sujet de la santé mentale. Important d’affirmer haut et fort que c’est ok de faire une dépression. Et que surtout, la souffrance n’a pas de hiérarchie.

Je vous dis cela dans le sens où j’avais conscience et c’est toujours le cas aujourd’hui, d’être une personne privilégiée. 

Je n’ai manqué de rien en grandissant. J’ai une famille qui m’aime. J’ai pu accéder à de l’éducation et de grandes études. Des loisirs m’ont toujours accompagné et j’ai des amis sur qui compter. Et pourtant le mal-être s’est quand même immiscé dans ma vie.

Le lycée est la période où l’on se construit. C’est une période où l’on s’émancipe petit à petit, à la recherche de soi-même. 

La crise d’adolescence passe par là. Nous devenons des êtres avec le besoin de se différencier, de se sentir unique tout en ayant la sécurité de l’acceptation d’un groupe.

On vit nos premières histoires de cœur et les degrés d’amitié changent. 

Il existe de nombreuses choses qui ont contribué à petit à petit créer le désespoir en moi. Je ne vais pas m’étaler sur ces différents points. Cela dit, mis bout à bout, ils m’ont amené à ce point de non retour. 

Le point culminant de la dépression

Celui où, le suicide était une option. De toutes les choses que j’aurais pu faire pour changer ma vie, me donner la mort apparaissait comme une solution adéquate.

Ma vision de la mort était la souffrance qui s’arrête. Tout comme le cerveau qui ne tourne plus en boucle. Parmi les phrases que je me répétais comme des mantras, il y avait :

  • « De toute façon, je ne manquerais à personne »
  • « Personne ne me comprends »
  • « Si je n’étais pas là, ce serait mieux pour tout le monde »

Pourtant, et tant mieux, je ne me suis pas résolue à m’ôter la vie puisque je suis encore présente pour écrire et dire ces mots.

Trouver l’aide nécessaire

La présence des proches

Au début, ma famille était particulièrement présente pour moi. Jusqu’à ce qu’il comprenne que mon mal-être nécessitait d’être accompagné par des professionnels. Cela devenait nécessaire d’en arriver là pour justement préserver la relation que j’avais avec eux. 

Le fait qu’ils soient « mon médicament » ne fonctionnait pas car je ne les écoutais pas, tout simplement. Plus ils essayaient de m’aider, plus j’avais du ressentiment.

Dans tout cela, je leur imposais ma souffrance. Je les blessais par mon comportement, mes mots et mes attitudes. Je souffrais tellement que le mal que je pouvais leur faire me semblait presque dérisoire comparé à ce que je vivais. Puis finalement, je culpabilisais de leur infliger cela. 

C’est très bien d’avoir des proches pour nous soutenir. L’une des grandes souffrances qui vient avec la dépression est le sentiment de solitude intense qu’on peut avoir. Donc, même si ce n’est qu’une toute petite présence qu’on arrive à avoir, elle fait quand même du bien.

Le besoin d’une aide extérieure

Le souci avec le fait de vouloir que mes proches prennent la position de thérapeute est que comme je l’ai dit, je leur impose des pensées très noires, des pensées suicidaires, beaucoup de négativité. Ce sont des choses qui peuvent être durs à encaisser pour les gens qui nous aiment.

Ils peuvent se sentir complètement désemparés. Et surtout, quoiqu’il fasse, rien ne sera jamais vraiment assez bien. Dès qu’il n’allait pas dans mon sens, il y avait une forme de chantage affectif que je démarrais. Le vide qu’on ressent à l’intérieur, ce n’est pas à eux de le combler. Ils peuvent nous y aider mais encore faut-il qu’on ait envie d’y parvenir. 

Dans le fameux carton dont je vous parlais, j’ai retrouvé, en plus du livre, un mot que ma maman m’avait écrit. Les premières phrases m’ont fait pleurer parce que j’ai trouvé ses mots particulièrement beaux. 

Je pense que cela faisait suite à un épisode où je lui disais que je voulais mourir. Elle m’a écrit :

«  Je t’ai donné la vie mais cette vie elle t’appartient. Je n’ai aucun droit là-dessus. Je suis là juste pour t’apprendre à l’aimer, pour témoigner à ma manière qu’elle vaut le coup d’être vécu. Je n’ai aucun moyen de te le prouver, je ne peux que te raconter la mienne. »

Le pourquoi de la dépression

Dans mon cas, je trouvais des avantages à ne pas être bien. Je trouvais des avantages à être en dépression. J’avais beaucoup d’attentions de mes proches. J’étais en train de construire l’image que quand je vais mal on me donne de l’attention. Quand je vais mal, on me donne de l’amour.

Et c’est par la suite, une phrase de ma psychologue qui m’a fait avoir un déclic là-dessus. En me disant que j’avais beaucoup de choses à vivre dans mes relations. Et ces choses là pouvaient être du bonheur. Qu’on pouvait être aimé et partager en allant bien. Et qu’au contraire, c’est même encore plus satisfaisant comme partage.

Cela peut vous paraître un peu bête puisque c’est logique. Mais personnellement j’ai eu besoin de l’entendre. Dès que je sentais une personne qui prenait un peu de distance, dès que je me sentais moins aimée, ma stratégie était d’aller mal. J’avais bien compris que quand j’allais mal, on s’occupait de moi.

Grâce à l’accompagnement avec la psychologue, j’ai pu remplacer ce schéma par un autre plus sain. Un schéma qui consistait à me sentir en sécurité affective dans les bons comme les mauvais moments. C’est-à-dire, on peut s’occuper de moi et m’aimer même quand je vais bien.

Les relations amoureuses

J’ai quelques trous noirs de cette période. Il y a des moments dont je n’ai que des vagues souvenirs. Ce sont mes proches qui me racontent parce que pour moi c’est un peu flou.

Quand j’ai commencé à aller mieux, ma santé mentale restait fragile et j’avais des rechutes. 

Une chose qui me permettait d’exprimer ma rage, ma colère et ma tristesse était l’automutilation. Ce n’est évidemment pas idéal mais toute la violence que je ressentais, je la retournais contre moi et d’une certaine façon cela me soulageait.

À l’époque, je sortais avec un garçon depuis quelques mois. J’étais très très très très amoureuse. C’était une relation qui me faisait beaucoup de bien. En tout cas, c’est le souvenir que j’en ai. Mais, on est jeune, je continue d’avoir des actes destructeurs envers moi-même.

Il y a des personnes qui n’arriveront peut-être jamais à comprendre comment on peut en venir à se blesser soi-même comme ça. Dans cette relation amoureuse, mon copain, cela lui fait énormément de peine que je continue à me faire du mal comme ça et il me quitte. 

C’est assez flou, je ne sais plus exactement les raisons qu’il m’a évoqué mais je sais que ça avait un lien avec cela. Il me semble qu’il préférait qu’on arrête là pour que j’ai le temps de me reconstruire et me stabiliser. Pour être en relation quand je serais vraiment prête à l’être.

Prendre soin de soi et mettre un terme à la relation

Ce garçon, il a eu le courage de me quitter. Je pense que c’était une bonne décision. Cela m’a quand même obligé à me bouger pour aller mieux même si bien sûr j’étais au fond du gouffre quand il a pris cette décision mais je pense que c’était bien pour nous deux.

Je ne pense pas que la solution soit systématiquement de quitter une personne en dépression ou ne pas être en relation avec elle. Par contre, je pense que cela reste une possibilité à envisager. 

Et quand bien même, on peut avoir peur que la personne en face prenne une décision radicale et mette un terme à sa vie, cela ne veut en aucun cas dire qu’on est responsable du choix que cette personne pourrait faire.

Je sais que c’est compliqué mais on est tous responsable de notre propre vie. On fait du mieux qu’on peut en tout temps. Ce n’est pas évident mais on n’est pas obligé de se laisser couler avec la personne qui va mal.

C’est pour cela que des fois, la bonne méthode c’est de prendre de la distance. Parce que la fusion et la proximité n’aident pas toujours. Des fois, préserver une relation, c’est aussi la lâcher.

Être présent.e pour quelqu’un qui va mal

Pour terminer, je vais vous donner quelques suggestions pour être présent pour votre partenaire ou un.e proche en dépression.

Il existe certaines choses qui peuvent contribuer à ce que la personne soit à l’aise à l’idée d’être elle-même avec vous.

Déjà, il y a le fait d’accepter cette facette vulnérable où l’autre ne va pas bien. C’est-à-dire, être présent.e pour les bons jours mais aussi les mauvais.

Il y a aussi le fait d’accepter les silences afin que l’autre ne ressente pas une pression d’entretenir la conversation. Le simple d’avoir une présence physique peut suffire à apaiser l’autre.

Vous pouvez aussi montrer que vous êtes à l’aise avec la vulnérabilité, en partageant des choses pas forcément confortables pour vous.

Une autre chose est de montrer que vous êtes capable d’écouter les émotions de l’autre sans les illégitimer ou chercher à apporter instantanément une solution à ceux-ci.

Vous pouvez aussi leur poser la question de :

  • “Qu’est-ce que je peux faire pour que tu te sentes en sécurité avec moi ?”.
  • “Est-ce que je peux faire quelque chose pour t’apaiser ?”.

C’est très probable que la personne ne soit pas en mesure de répondre à cette question. Si elle le souhaite et uniquement si elle le souhaite, vous pouvez lui suggérer des options auxquelles vous pensez.

Cela peut être de sortir, de lire un livre, de discuter, de se faire un câlin, regarder un film etc.

Attention néanmoins. Ce n’est pas parce que la personne va mal que vous ne pouvez pas poser vos propres limites pour vous protéger. C’est important qu’il y ait toujours une notion de respect. Aller mal ne justifie pas une violence verbale, psychologique ou physique. Tout comme aller mal, ne légitime pas le fait de vous prendre comme une poubelle émotionnelle.

Quand on est en dépression 

Si vous êtes la personne en dépression dans la relation, je vous invite à chercher l’aide dont vous pouvez avoir besoin. 

Je sais à quel point c’est dur. Je sais que le premier pas, de reconnaître qu’on a besoin d’aide est très compliqué. 

Ce que j’ai envie de vous dire, c’est de vous autoriser à être mal devant des gens. Oser dire que vous allez mal. On ne sait jamais quelle main et quelle aide peut arriver jusqu’à nous.

L’une des choses particulièrement violente pour moi au tout début était de me forcer à sourire et faire comme si tout allait bien. Au début, ça passait inaperçu que j’allais mal. Mais plus le temps passé plus il est compliqué de sourire. 

C’est ce qu’on appelle du déni. Je faisais comme si tout allait bien mais jusqu’à quel point est-on capable de se mentir à soi-même ? À un moment donné on explose.

Si vous faites partie des personnes comme moi qui retourne la souffrance contre elle-même, il y a des alternatives à l’automutilation.

Vous pouvez :

  • déchirer des choses. Comme du papier, des journaux et des magazines. 
  • concentrer votre attention sur autre chose comme des vidéos, des séries, des jeux. 
  • ranger votre bureau, votre chambre, votre appartement, votre maison, ce que vous voulez
  • prendre une douche plutôt froide
  • écrire. Cela peut-être intuitif ou vous pouvez écrire les paroles d’une chanson que vous aimez
  • danser. Le mouvement crée l’émotion.
  • Compter le nombre d’objet de couleur orange, bleu ou jaune dans le lieu où vous êtes
  • crier dans un oreiller

Il y a plein de choses possibles et je vous invite à chercher l’aide dont vous pouvez avoir besoin. Ne restez pas seul.e. Vous n’êtes pas seul.e.

Ressources concernant la dépression

Par ailleurs, le livre qui a contribué à m’aider et à changer de perspective sur ma vie c’est :

L’auteur est décédé il y a quelques années. Il raconte des bouts de son histoire qui sont assez extraordinaires. Il a vécu des choses tragiques. 

Mon déclic avec ce livre, la perspective que ça m’a apporté c’est :

“Si lui, avec tout le bagage qu’il a porté dans sa vie, il a été en mesure de la transformer et d’être heureux, alors peut-être que moi aussi j’en suis capable.”

Et c’est ce “peut-être” qui était l’once d’espoir dont j’avais besoin pour continuer à avancer jour après jour et petit à petit, aller mieux.


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