Une sexualité épanouie dans le couple

Jan 29, 2024 | Apprendre à se connaitre, Podcast, Sexualité

La sexualité dans le couple est un gros sujet.

Il y a quelques semaines, je vous parlais de charge mentale pour introduire cette notion de conflits insolubles. Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de sexualité puisque celle-ci représente un enjeu fort dans les relations amoureuses, et en prime, on continue sur la lignée des conflits insolubles puisque la sexualité en est un. 

Vous allez comprendre néanmoins que rien n’est gravé dans le marbre. À travers cet épisode, j’ai envie de vous partager quelques clés de compréhension pour éventuellement aborder le sujet avec votre partenaire, apprendre à mieux vous connaître, souffler un bon coup et co-construire une sexualité satisfaisante dans votre couple. 

La sexualité, un enjeu fort du couple

De nos jours, la sexualité reste un sujet tabou. Il est évident qu’on en parle de plus en plus. Il existe de nombreux ouvrages et médias qui évoquent le sujet sous plusieurs angles possibles. C’est d’ailleurs devenu une thématique de développement personnel à part entière. 

On sort ainsi d’une vision de la sexualité qui se résumait à la reproduction, au devoir conjugal et autres pour arriver à un espace où il est possible de s’épanouir. Si bien qu’en cherchant à lancer une révolution sexuelle, une nouvelle injonction se dessine : “il faut être sexuellement épanoui dans son couple pour que celui-ci fonctionne.”

C’est en ce sens que la sexualité représente un enjeu fort dans la relation amoureuse car on y met beaucoup d’injonctions, d’émotions et d’interprétations. Il y a encore beaucoup de honte, de gêne, de peur, d’envies inavouables qui gravitent autour de ce sujet. 

Et quand je parle d’interprétation, cela se retrouve sur des questionnements : 

  • Est-ce que c’est normal de moins faire l’amour avec le temps ? 
  • Nos rapports sont-ils suffisamment fréquents ?
  • Une perte de libido indique-t-elle la fin de la relation ?
  • Peut-on s’épanouir avec des désirs différents ?

Des questions sur le sujet, il y en a un paquet et les réponses qu’on peut trouver peuvent être inadéquates nous concernant. Forcément, quand on généralise, on exclut plusieurs cas moins fréquents. 

La sexualité, une source de conflit insoluble

On parle de conflits insolubles lorsque les sources de conflits viennent titiller nos valeurs personnelles. Et en général, cela devient un gros conflit lorsque cela met en lumière des différences de valeurs dans le couple. 

Dans une relation amoureuse, cela peut être un sujet délicat parce que certaines personnes voient la sexualité comme une conséquence et d’autres un objectif. Certaines et certains sont dans une démarche de sexualité sacré, là où d’autres sont dans une démarche de plaisir physique. 

On n’a pas forcément les mêmes attentes et l’écart entre les partenaires peut venir créer de la fiction. D’autant plus que, comme je l’exprimais, le sexe reste un sujet source de honte et de gène. Ce n’est pas rare que cela puisse titiller notre estime de nous. 

On peut ne pas se sentir à la hauteur, ne pas avoir envie de tenter certaines pratiques et culpabiliser. On peut craindre de perdre notre partenaire si on ne parvient pas à satisfaire ses besoins. Ou à l’inverse, envisager de partir si on pense que notre sexualité devrait être différente.

Un critère relationnel dans le domaine du non négociable ?

En tout début de relation, le sexe est souvent un enjeu fort puisqu’on peut avoir tendance à tirer des conclusions hâtives. On peut percevoir les premiers rapports qu’on va avoir comme ceux qui vont définir le reste de notre vie sexuelle.

Il y a des personnes qui désirent voir dès le début l’alchimie sexuelle pour se dire si oui ou non il y a un avenir possible. Sauf que, la sexualité ça se co-construit. Et surtout, le temps, l’expérience et les rencontres sexuelles avec notre partenaire nous permettent de mieux connaître la ligne directrice de l’autre ainsi que la nôtre. De cette façon, on peut arriver à une sexualité satisfaisante des deux côtés. Et surtout, le fait d’en parler ensemble permet d’ajuster les ébats pour que la joie et le plaisir s’invitent du côté de chacun et chacune. 

On parle alors de conflit insoluble pour la sexualité car il y a des aspects pour lesquels on ne peut qu’accepter que nous sommes différents, que c’est normal et que ça ne remet pas en question notre être ainsi que le couple. 

Qu’est-ce qu’un conflit insoluble ?

Les conflits insolubles sont des sujets pour lesquels il va être important de trouver un terrain d’entente à double gagnant. C’est ce qu’on appelle faire des compromis puisque finalement dans une relation il ne peut y avoir que deux gagnants ou deux perdants. 

Un conflit insoluble dans le couple se réfère à une divergence d’opinions, de valeurs ou de besoins entre les partenaires qui résiste aux tentatives de résolution ou de compromis. 

Contrairement aux conflits plus courants qui peuvent être discutés, négociés et résolus avec le temps, un conflit insoluble persiste, souvent malgré les efforts conjoints des partenaires pour le résoudre.

La sexualité, un espace de différences et de vulnérabilité

Le sexe est un espace de vulnérabilité. C’est un domaine de la vie d’un couple qui amène du potentiel d’humilliation, de rejet ou de douleur. Si bien que, par peur de toucher à notre intégrité ou celle de l’autre, on préfère se censurer ou ne pas être clair ou accepter des choses qui ne nous conviennent pas.

C’est pour cela qu’il y a quelque chose de primordial à comprendre. C’est que l’acceptation et l’appréciation de l’autre sont indispensables pour l’épanouissement sexuel. Il est ultra important d’apprendre à réagir de manière appropriée lorsque notre partenaire formule des demandes, mais aussi d’apprendre à demander ce qu’on souhaite.

Les différences de désirs et déclencheurs

En fait, c’est un espace qui, pour le coup, doit être dénué de jugement. C’est très compliqué de restaurer la confiance mutuelle lorsque l’un des deux s’est senti jugé, critiqué ou mal aimé pour un désir, une envie ou même un fantasme qui lui appartient.

Comprenez bien que notre fonctionnement peut différer de celui de notre partenaire. Aucune des façons de faire n’est meilleure que l’autre, elles sont simplement différentes.

Certaines personnes ont besoin de connexion émotionnelle pour aller vers le rapport intime. Là où d’autres ont besoin du rapport intime pour entrer dans la connexion émotionnelle.

C’est aussi assez rare qu’on ait la même libido que son ou sa partenaire. Dans le couple, il y a souvent une personne qui est plus demandeuse que l’autre. Sauf quand on est dans le cadre de l’état amoureux où on arrive à être assez raccord. Mais donc au moment où ça se différencie pour les deux, l’écart de libido peut-être est plus délicat à gérer.  

Alors comment fait-on ?

Vous imaginez bien que si une personne veut faire l’amour une fois par semaine et que l’autre aimerait le faire tous les jours. Il n’y aura pas de satisfaction à se rencontrer dans un entre-deux trois fois par semaine. Puisque l’un se forcera potentiellement deux fois, l’autre ne sera quand même pas satisfait donc c’est délicat. L’un en aura trop peu, l’autre en aura trop. 

Communiquer et sortir de la critique

Rien de très spectaculaire mais déjà parvenir à en parler est une avancée. Mais surtout, parvenir à bien en parler. Lorsque l’on décide d’échanger sur la sexualité dans le couple, l’idée est d’aborder le sujet comme si on cherchait à améliorer quelque chose de déjà satisfaisant. 

La meilleure façon de ne pas être physiquement touché par l’autre est de dire “Tu ne me touches jamais”. Ce type de tournure, on vient les remplacer par quelque chose comme : “C’était tellement agréable quand on s’est longuement caressé sur le canapé la dernière fois, j’aimerais beaucoup recommencer.”

Plutôt que de dire “Je n’aime pas être touché ici, ne fais pas ça”. On peut plutôt dire “J’adore quand tu me touches là” en indiquant corporellement qu’est-ce qu’on aime.

Ne pas prendre les choses personnellement

Il me semble qu’il est aussi important de mettre son égo de côté et d’entrer dans le sujet de la sexualité avec ouverture. Si notre partenaire nous fait une demande, on n’a pas besoin d’y voir une critique de nos attraits, de notre virilité/féminité, de notre savoir-faire érotique ou même de notre être. 

On peut voir la situation comme si on était chef dans un restaurant. Peut-être que notre spécialité sont les nouilles sautées à la coriandre. On peut entendre qu’un client n’a pas envie de nouilles ce soir-là ou même qu’il a en aversion la coriandre. À ce moment-là, le chef à priori, il va cuisiner quelque chose pour satisfaire le palais de son client. Il ne va pas s’effondrer et remettre sa vie en question parce qu’un client n’apprécie pas les nouilles sautées à la coriandre.

Accepter les désirs, les envies et les fantasmes 

Essayez plutôt de vous dire qu’au sein du couple, toutes les envies, toutes les images, tous les fantasmes et tous les désirs sont acceptables. 

En aucun cas, cela ne signifie que vous n’avez pas le droit de dire non. L’idée est plutôt de sortir de la condamnation ou du dégoût que l’on peut ressentir lorsque l’autre partage quelque chose. 

On peut dire non sans pour autant dénigrer les envies de l’autre. Comme je le disais, c’est quelque chose de vulnérable de venir partager nos désirs sexuels. Cela demande un bon pilier de confiance en l’autre. Je vous invite à accueillir et écouter l’autre avec tendresse. 

Il y a tellement de choses qui viennent construire nos représentations de la sexualité. Si on fait l’historique de nos événements marquants, plusieurs choses viennent s’additionner. Entre ce qu’on entend par nos proches, la pornographie, les médias et bien d’autres, les sources d’influences qui viennent construire notre désir et nos envies sont multiples. Est-ce que l’on doit se juger, culpabiliser, se trouver bizarre pour autant ? Non.

L’opposition des valeurs

On entre dans le domaine de l’insoluble précisément lorsque l’on cherche à indiquer à l’autre que notre vision de la sexualité est la bonne voire la meilleure. 

Comme je viens de le dire, il y a beaucoup de choses qui influencent le regard que l’on porte sur les rencontres sexuelles. Une vision très véhiculée avec l’amour romantique, l’état amoureux ainsi que la pornographie est que le désir est instantanné et que, nos corps peuvent être prêt à recevoir l’autre instantanément lorsque le désir nous submerge.

On voit ainsi des scènes de films, de séries ou des livres qui viennent abonder en ce sens. Pas de caresses, soulevées sur une table, coincé dans un coin brûlant de désir, on passe à un acte de pénétration. Et ce, quelle que soit notre orientation sexuelle. La sexualité, elle est souvent résumée à la pénétration. 

L’apprentissage de la sexualité

Quand on commence à s’intéresser au sujet, on peut facilement tomber dans l’idée qu’il faut à tout prix dépoussiérer cette vision du sexe dans un couple. On peut ainsi émettre de nombreux jugements sur cette vision du sexe. Quand notre partenaire n’a pas nécessairement connaissance de son propre apprentissage de la sexualité, il peut être très tentant de venir dénigrer les désirs de l’autre et l’attaquer sur son cheminement personnel. 

Dans ce cas là, on incarne une posture qui ne permet pas à l’autre d’évoluer, de se révéler et de découvrir ses envies profondes. On le condamne à l’avance de ne pas partager notre vision. 

Vous voyez, j’ai mon opinion sur l’industrie de la pornographie. Mon partenaire pourrait très bien avoir un fantasme de quelque chose qu’on voit beaucoup dans le porno et qui me semble, par exemple, être une atteinte à la condition humaine. Pour autant, je ne suis pas obligée de lui reprocher d’avoir ce désir et de lui dire de se déconstruire sa vision. 

Une séparation qui peut être bénéfique

Si vraiment cela vient heurter mes valeurs, c’est là où finalement oui, on peut parler d’incompatibilité sexuelle. 

Quand les visions sont fondamentalement opposées, il est parfois préférable de se séparer. Une personne qui ne verrait que pour faire des enfants, là où l’autre voit la sexualité comme un espace important à cultiver dans le couple, c’est compliqué de trouver des compromis si les visions de chacun sont rigides. Et ce n’est bien sûr pas une solution de taire, censurer notre vision, s’oublier dans la relation ou se résigner.

Pour autant, parfois, dès lors qu’on est dans une démarche d’ouverture et d’accueil de la différence, on peut mutuellement s’épanouir avec des visions différentes. Les solutions à trouver seront au cas par cas.

S’épanouir sexuellement dans son couple

Tout à l’heure j’évoquais les différences d’envie. Dans un couple c’est très fréquent que l’un puisse se contenter d’une séance hebdomadaire et que l’autre désire plus. La personne qui désire le plus les rapports se fait généralement pressante. 

Une stratégie qui ne fonctionne pas et de tenter d’exciter l’autre en amenant des livres, en recommandant des articles, en cherchant des sextoys etc. pour exciter davantage l’autre. Sauf que cette démarche vient mettre une pression. Elle a tendance à refroidir et à éteindre d’autant plus le désir de l’autre. 

On a donc une personne de plus en plus sexuellement frustrée et une autre dont le désir s’étiole progressivement. 

À la rencontre de nos désirs

Dans ces cas-là, on peut s’orienter vers la sensualité et nos boutons ON et OFF de désir. La personne qui a le moins envie a parfois besoin de se laisser le temps de ressentir l’envie.

On peut alors envisager des sessions de massages, d’étreintes et de caresses qui, au départ, se substituent aux relations sexuelles. Les attentes trop fortes font fréquemment obstacle à une vie sexuelle épanouie. 

Comprenez bien que le sexe n’aura pas toujours la même qualité ou la même intensité. Chaque rencontre sera unique et celles-ci peuvent être des expressions d’amour. 

Partir à la rencontre de son désir, cultiver la relation en accordant suffisamment de temps à celle-ci permet d’avoir un lien plus fort et aussi de laisser le temps au désir de revenir petit à petit.