Cultiver le pardon pour une relation amoureuse épanouissante

Août 28, 2023 | Apprendre à se connaitre, Comprendre l'amour, Entretenir l'amour, Guérir son coeur, Infidélité, Rupture, Sauver son couple

Il était temps pour moi de parler de pardon car c’est un élément qui revient souvent lors de mes séances de coaching. 

  • Comment pardonner un acte qui m’a blessé ?
  • Après une blessure, comment tourner la page ?
  • Comment accepter ce que j’ai vécu ?

Au sein d’une relation amoureuse et toutes relations en fait, le pardon est crucial. Le pardon, si on prend sa définition, c’est l’acte de pardonner. C’est tenir une offense et renoncer au ressentiment ainsi qu’au sentiment de vengeance. 

Pourquoi est-ce important d’être en capacité de pardonner ? À partir du moment où nous sommes imparfaits, nous sommes des êtres faillibles. À tout moment, nous pouvons nous-même faire des choses, poser des actes qui vont réveiller des émotions négatives chez notre partenaire. 

Pourquoi pardonner ?

Le pardon, c’est ce qui permet d’instaurer une forme de sécurité intérieure dans la relation amoureuse. C’est ce qui vient confirmer que nous ne sommes pas nos actions. Que l’on peut être une “bonne personne” et tout de même faire des erreurs. Par extension, que l’on peut se tromper, être faillible, être vulnérable et malgré tout, que cela ne remette pas en cause le fait d’être aimé par notre partenaire.

Dans une relation, lorsque l’on a de la difficulté à pardonner à notre partenaire quelque chose, cela vient alimenter de la rancune, du ressentiment, de la colère, un sentiment de vengeance et parfois aussi un sentiment de justice. 

Comme je l’expliquais dans l’article sur la rancune, ces émotions qui peuvent être épuisantes nous amènent assez souvent à poser des actions qui vont nuire à la relation. Cela peut être des reproches, des propos passif-agressif, un manque de confiance, une hyper vigilance, une inquiétude permanente etc.

En tout temps, il y aura des choses qu’on pourrait être amené à devoir pardonner en fonction d’une blessure que l’on a pu ressentir. Cela peut être lié à des malentendus, des mots blessants, des actions compulsives, de l’infidélité, une confiance trahie, des comportements désagréables répétitifs, des divergences personnelles et autres. 

Les défis du pardon

Il va y avoir différents degrés de choses que l’on peut être amené à pardonner. Souvent, ce qu’il se passe c’est que, même des toutes petites choses, si elles ne sont pas libérées, vont s’accumuler et peuvent prendre des proportions disproportionnées. Si bien que le moment où l’on explose, ce qu’on reproche semble complètement dérisoire et futile face à l’éruption émotionnelle que l’on est en train d’incarner.

Ce que je veux dire par là c’est que des fois, on garde des choses pour nous parce qu’elles nous paraissent anodines et anecdotiques. On pense être en capacité d’accepter une situation ou quelque chose qui ne nous plait pas voire qui nous blesse en estimant que “ce n’est pas grand chose”. Sauf qu’à partir du moment où cela a généré une forme d’inconfort chez nous, on peut être amené à ressentir l’envie ou le besoin d’en parler. Peut-être même de demander s’il est possible d’envisager une évolution de comportement ou un changement ? 

L’effet cocotte-minute

Quand on garde tout pour soi, c’est l’effet cocotte minute. Les tensions ou les pressions s’accumulent progressivement au fil du temps, tout comme la pression qui augmente dans une cocotte-minute lorsqu’elle est chauffée. Cette accumulation peut finalement conduire à une explosion émotionnelle ou à une libération soudaine de ces émotions et tensions.

C’est ce qui peut se produire lorsque des problèmes non résolus, des conflits non adressés ou des émotions refoulées s’accumulent. De fait, je vous invite à développer vos compétences en communication. De façon à pouvoir exprimer des choses qui ne vous plaisent pas et qui vous coutent, sans que cela ne devienne un drame.

Pour en revenir au pardon, une chose qui me semble importante de verbaliser est le fait de dissocier les émotions que l’on ressent et la blessure en elle-même.

On se sent blessé face à une attitude, face à des paroles, face à des actes etc. C’est une question de ressentis. Une blessure émotionnelle qui se réveille va avoir un déclencheur situationnel. On a tendance à mélanger le tout et pointer du doigt l’autre, en disant c’est l’autre qui me blesse, c’est l’autre qui est comme ci ou comme ça.

Le réveil des blessures émotionnels

Une première étape qui peut mener au pardon serait de reconnaître quelle blessure s’est réveillée au-delà de l’émotion qu’on a ressenti.  

Imaginez que dans le passé, vous ayez vécu une relation où vous avez été trahi par un partenaire qui vous a trompé. Cette trahison a laissé une cicatrice émotionnelle profonde, et bien que vous ayez fait des efforts pour guérir et avancer, il reste une sensibilité à ce sujet.

Maintenant, dans votre relation actuelle, votre partenaire mentionne qu’il ou elle va sortir avec des amis et il ou elle ne vous a pas proposé de vous joindre à lui ou elle. Vous n’avez aucune raison de douter de sa sincérité ou de sa fidélité. Cependant, en entendant parler de cette sortie, il est possible que vous ayez le sentiment de ne pas compter ou de ne pas être important. Vous commencez peut-être à ressentir de l’anxiété. Vous vous sentez blessé, mis à l’écart. Ces sentiments peuvent être disproportionnés par rapport à la situation réelle puisque votre partenaire à tout à fait le droit de faire et d’avoir envie de passer du temps seul avec ses amis sans votre présence. 

Dans ce scénario, ce n’est pas tant le fait que votre partenaire sorte avec des amis qui vous blesse. La blessure sous-jacente réside dans la trahison passée que vous avez vécue, qui a créé une vulnérabilité émotionnelle. La simple mention d’une situation qui peut rappeler cette trahison réveille cette blessure interne, et c’est ce qui déclenche l’anxiété et la tension émotionnelle que vous ressentez.

Comprendre la blessure en profondeur

Si on reste juste en surface, on pourrait dire : “Ce n’est pas normal que je ne sois pas conviée, c’est blessant, il ou elle ne tient pas à moi, il ou elle me rejette etc.”

Cela met en lumière comment nos expériences passées, nos blessures non résolues et nos peurs peuvent influencer la manière dont nous percevons et réagissons aux situations présentes. 

C’est pourquoi la compréhension de soi, la communication et l’honnêteté envers soi-même face à nos blessures émotionnelles non résolues contribuent à construire une relation saine et équilibrée.

La difficulté de pardonner

Cela dit, même quand on identifie le pourquoi du comment on est blessé, il se peut qu’on ait de la difficulté à pardonner. Voire qu’on croit pardonner sans réellement le faire. C’est d’ailleurs là où il y a des décalages ou des conflits qui s’installent puisque d’un côté on peut annoncer à notre partenaire, l’avoir pardonné sur telle ou telle sujet alors qu’en fait, subtilement ou non, on continue de lui faire subir des conséquences de la blessure ressentie. 

La difficulté à pardonner peut venir d’une confusion sur ce que signifie et implique pardonner. 

Quand on pardonne à quelqu’un, cela ne veut pas dire que : 

  • l’on oublie la situation
  • la confiance est reconstruite
  • on ne se respecte pas, selon le contexte
  • nous acceptons que la situation se reproduise
  • nous sommes faibles 

En fonction des situations, on va tous avoir notre propre opinion de comment on est censé agir. Certains considèrent que l’infidélité est impardonnable et que quelqu’un qui reste en couple après avoir été trahi ne se respecte pas. Il ne s’agit là que d’une opinion et d’un prisme de la situation. 

L’adultère notamment, on refuse parfois de le pardonner parce qu’on a peur que ça se reproduise. Mais le fait de pardonner à l’autre ne signifie pas que l’on tolère que la limite définie à deux soit de nouveau franchie. 

On craint qu’en exprimant notre pardon voire en l’incarnant, cela soit une porte ouverte à toutes les trahisons. Ce avec quoi il faut être clair, ce sont nos limites. Comment on décide de réagir si cela se reproduit. Quelle sera la conséquence si cela devient récurrent. À quel point on peut se sentir prêt à accepter que l’autre teste nos limites et les franchisse ?

La communication pour la reconstruction

Pardonner implique de la communication. 

Dans un premier temps pour signifier qu’une situation est venue fragilisée la relation. Dans un second temps pour voir s’il existe des excuses sincères et une responsabilité face à la situation. C’est-à-dire : 

  • Est-ce que l’adoption d’un nouveau comportement est nécessaire ?
  • Faut-il revoir le contrat du couple ?
  • Y a-t-il des besoins de reconstruction de confiance ?
  • Est-ce que la blessure a bien été comprise ?

Des fois, on refuse de pardonner puisqu’on a peur d’être vulnérable. C’est une forme de prise de risque. Mais vraiment, j’insiste sur le fait que comprendre l’univers de l’autre ne demande pas de l’approuver.

Le développement de l’empathie

Dans une série que je regarde, il y a une scène que j’ai trouvé particulièrement intéressante et qui illustre ce propos. C’est qu’un couple, a une certaine somme d’argent et l’homme utilise une partie de l’argent pour régler un problème. La femme de son côté est choquée puisqu’elle n’est pas du tout d’accord avec la façon dont le problème a été réglé. Pour autant, elle essaye de comprendre pourquoi il a agi de telle façon, si bien qu’à l’issue de la conversation, elle lui dit : 

“Je ne suis pas d’accord avec ce que tu as fait mais je comprends pourquoi tu l’as fait”

Vous voyez, on peut pardonner sans pour autant que cela implique qu’on soit aligné avec ce qu’on a vécu. Pardonner ne veut pas dire qu’on est censé ressentir du plaisir en repensant à la situation. Cela ne veut pas dire qu’on minimise ce qui s’est passé. Par contre, cette situation blessante qui est au passé, elle peut devenir apaisée et ne plus réveiller de douleur en nous.

La notion pardon conditionnel

Il arrive que l’on mette le pardon au conditionnel. Par exemple : 

  • Je le pardonnerai uniquement si il s’excuse
  • Je la pardonnerai si elle coupe les ponts avec lui
  • S’il ou elle m’achète telle chose, alors j’envisagerai de pardonner

Dans toute relation, il va y avoir un besoin d’excuse. Sans une forme d’excuse, il y a la colère qui monte avec l’animosité, le sentiment de justice et vengeance qui se développe si bien que c’est une déclaration de guerre qui s’instaure. Et cela peut durer des semaines, des mois ou des années. 

Ce besoin d’excuse il va s’incarner différemment pour chaque personne. Gary Chapman, psychologue et auteur du livre les 5 langages de l’amour a également écrit le livre « Les langages de la réconciliation » où il identifie cinq langages principaux que les personnes utilisent pour exprimer et recevoir des excuses.

Je dédierai sûrement un épisode entier aux excuses.

Tout cela pour dire que ce pardon conditionnel, n’est pas bénéfique pour la relation. On peut exprimer des demandes comme le fait de travailler ensemble pour reconstruire la confiance, demander un travail sur soi pour que l’erreur ne se reproduise plus ou simplement demander une recherche de solution pour sortir d’un schéma. Mais c’est fragilisant pour la relation que d’utiliser le pardon pour faire du chantage et faire des demandes qui impliquent un sacrifice et une douleur chez l’autre.

La reconstruction après le pardon

On ne reconstruit pas la confiance et on ne bâtit pas une relation saine, sur une base de chantage affectif.

Pardonner ça implique de lâcher l’idée que notre partenaire soit en capacité de répondre à l’ensemble de nos attentes. Cela implique aussi d’arrêter de nourrir le ressentiment. 

Le pardon est un signe de maturité mais surtout de croissance personnelle. On allège la relation quand on pardonne mais on apaise surtout notre coeur. Le pardon c’est pour être soi-même en paix.

Dans le passé, j’ai pu être extrêmement intransigeante. J’avais beaucoup de mal à pardonner et à tourner la page sur des choses que je pouvais vivre dans mes relations. Un jour, j’avais le sentiment que mes cousins se moquaient de moi et quand ils m’ont présenté leurs excuses, j’ai répondu que le mal était déjà fait et j’ai continué à bouder. Quand j’étais blessée dans mes relations familiales ou amoureuses, je faisais la gueule et je ne laissais rien passer. 

Si bien que je m’étais offensée lorsqu’une amie avait dit que c’était compliqué de se réconcilier avec moi. Je trouvais ce propos injuste sur le coup mais c’était la vérité. Mes attentes envers les autres et moi-même étaient élevées et je ne donnais pas le droit à l’erreur car moi-même je ne m’autorisais pas à faire des erreurs. 

Cela m’a pris du temps d’avoir un déclic mais aussi de me pardonner pour toutes ces actions et toutes ces paroles que j’ai pu avoir envers des personnes que j’aimais. De sortir de la flagellation.

Un processus de pardon unique à soi

Chacun a son propre processus de pardon. Si par exemple, vous ressentez le besoin d’entendre des excuses, dites vous bien qu’il est possible que l’autre refuse d’en prononcer par peur d’être mis en défaut et que ça lui explose de nouveau au visage plus tard.

C’est pour ça que construire un environnement de sécurité affective dans la relation, ça laisse l’espace à l’autre de reconnaitre ses torts sans craindre qu’il puisse y avoir des représailles. 

Mais dites-vous bien aussi qu’on peut pardonner sans entendre d’excuses et de responsabilisation venant de l’autre. C’est beau de recevoir des excuses mais supposons que la personne décède avant de prononcer des excuses, est-ce que cela signifie que vous allez porter tel un fardeau cette souffrance de n’avoir pas entendu “je suis désolée de t’avoir blessé” ? 

Une personne qui vous blesse n’est généralement pas la personne qui vous guérit. Elle ne peut pas incarner le rôle de poison et de médicament à la fois. Il y a un discours tenu par Najwa, une activiste, auteure et conférencière, que je trouve très intéressant. Elle dit : 

“Celui qui vous a brisé ne peut pas vous guérir. C’est à vous de le faire. Vous ne pouvez pas attendre de la personne qui vous a brisé en morceaux qu’elle vous apporte ces morceaux et vous dise « je vais recoller le tout ». Vous ne pouvez pas faire cela. Mais pourquoi choisiriez-vous de faire cela ? Quelqu’un qui a le pouvoir de vous détruire et qui utilise ce pouvoir, pourquoi lui confier la reconstruction ?
Najwa Zebian

Ce discours n’est pas une vérité générale, dans le sens où, chaque situation est différente et à remettre dans son contexte mais je trouve qu’il est emprunt d’une forme de responsabilisation face à ce qu’on vit et ce qu’on ressent. 

Choisir de ne pas pardonner

On a tout à fait le droit de ne pas pardonner. Et si on choisit cette voie, alors c’est nécessaire de prendre l’entière responsabilité de ce “non pardon”. C’est-à-dire, accepter et assumer les avantages comme les conséquences de ne pas pardonner. C’est ok de ne pas pardonner, il n’y a pas de jugement là-dessus.

Il s’agit avant tout de se respecter. Si vous refusez de pardonner un adultère par exemple, soyez honnête envers votre partenaire et exprimez le fait qu’en cet instant t, vous ne souhaitez pas pardonner et vous n’êtes pas non plus sur cette voie. Alors votre partenaire, est en droit et en mesure, au regard de ces informations de prendre une décision. Peut-être celle de quitter la relation puisque ce n’est potentiellement pas un avenir harmonieux qui se profile. 

De même, si vous décidez de ne pas pardonner, vous pouvez instaurer des limites et des actes ou conséquences en fonction de cela. 

Si en revanche, vous avez envie de pardonner mais n’y parvenez pas alors il peut être bénéfique d’aller chercher de l’aide à l’extérieur. Thérapeute, coach, sophrologue, hypnose etc. Ce qui vous convient.

Le processus du pardon

Le pardon est un processus graduel et le changement ne se produit pas nécessairement du jour au lendemain. On peut avoir besoin de temps pour digérer les choses. En quelques étapes, ce que je vous invite à faire si vous êtes sur cette voie c’est de : 

  1. Reconnaître vos émotions
  2. Comprendre la situation
  3. Exprimer vos sentiments et ressentis
  4. Prendre du recul
  5. Accepter de ressentir ces émotions et tout cet inconfort
  6. Lâcher-prise, en acceptant de vous libérer de la colère et du ressentiment
  7. Considérer les avantages du pardon
  8. Se concentrer sur le présent et l’avenir, pour éviter de ressasser le passé
  9. Se pardonner à soi-même

Le pardon est souvent plus pour soi que pour l’autre. Notamment parce que c’est un moyen d’être en paix intérieure.

Si vous désirez avancer sur la voie du pardon et que vous êtes en recherche d’un soutien et peut-être même d’une boussole, je serais ravie de vous accompagner et de vous proposer mon aide. Prenez soin de vous.