Aujourd’hui j’ai choisi de vous parler du syndrome de l’infirmière et du syndrome du sauveur. Les deux ne décrivent pas exactement la même chose mais comme ils restent assez proches dans les comportements, les origines et leurs impact, je me suis dit que c’était pertinent d’en parler dans un même épisode.
Je vais ainsi vous expliquer qu’est-ce que ces fameux syndromes, d’où ils viennent, leurs impact sur notre vie amoureuse et surtout comment en sortir.
Je vous invite à écouter l’épisode ou découvrir sa retranscription.
Qu’est-ce que le syndrome de l’infirmière ?
Il s’agit généralement de personnes, plus particulièrement des femmes qui sont attirées par des personnes qui vont “mal”. Je mets des guillemets sur le mot mal puisque cette notion dépend de chaque individu.
Dans les faits, on retrouve donc une personne qui est attirée quasiment uniquement par des personnes dans des situations de détresse. Des personnes qui ont des problèmes personnels à résoudre ou encore des soucis avec des addictions.
Les personnes qui témoignent de ce syndrome vont avoir un besoin intérieur très fort de venir en l’aide à l’autre pour le ou la guérir. Ce besoin de réparer l’autre, de le secourir est très souvent inconscient.
Qu’est-ce que le syndrome du sauveur ?
Le syndrome de l’infirmière est relié au syndrome du sauveur. Sur le terme sauveur on est plus sur un comportement masculin, d’où le nom sauveur.
De façon très similaire avec le syndrome de l’infirmière, le sauveur va chercher à résoudre les problèmes des autres, dans sa vie affective mais pas que, jusqu’à en oublier ses propres besoins et problèmes.
Ce sont des personnes qui se donnent corps et âmes aux autres, qui sauvent les autres à défaut de se sauver eux-mêmes.
En amour, il s’agit de personnes qui vont rester dans des relations parfois toxiques en pensant :
- réussir à changer l’autre
- réussir à guérir l’autre avec leur amour
- faire changer d’avis quelqu’un sur la peur de l’engagement
- soutenir l’autre dans sa lutte contre une addiction, face à la dépression etc.
C’est une forme d’altruisme poussée à l’extrême où on s’oublie et on existe au travers de la reconnaissance de l’autre.
Ainsi, avoir le rôle du sauveur ou de l’infirmière qui prend soin des autres témoigne d’un besoin fort d’exister dans le regard de l’autre.
Les origines du syndrome de l’infirmière et du sauveur
Comme beaucoup de choses dans notre vie, nos comportements actuels ont un lien avec notre enfance.
L’infirmière est un rôle qui va s’apparenter à celui de la mère. Cette image de mère qui prend soin de son enfant. On peut avoir affaire à une reproduction de ce qu’on a connu. Un maman poule, présente quand on était malade, là pour nous soutenir et nous choyer.
Ou alors à l’inverse, on prend le contrepied de ce qu’on a connu. À défaut d’avoir reçu un traitement aimant dans notre enfance, on va projeter sur l’autre notre propre souffrance d’enfant. On va ainsi croire qu’on sait ce que l’autre ressent et on va anticiper ses besoins.
De manière à recevoir le traitement qu’on n’a pas pu nous-même recevoir par le passé.
Le sauveur de son côté est en général une personne qui a du devenir “adulte” un peu trop vite. Par exemple, des personnes qui ont dû :
- aider un proche malade
- faire face à une addiction d’une figure parentale
- prendre soin de leurs frères et soeurs avec des parents absents
- faire à un ou des parents violents
Ce sont donc des personnes qui ont dû se dédier dès le plus jeune âge aux besoins des adultes avec qui ils vivaient, reléguant les leurs en bas de l’échelle des priorités.
L’impact de ces syndromes sur notre vie affective
Quand on est touché par ces syndromes, on a tendance à s’oublier et à ne pas se respecter soi-même. On va faire passer les besoins des autres avant nous-même.
Et pire encore, il peut arriver que l’on entretienne, inconsciemment, le mal-être des autres pour pouvoir être le héros ou l’héroïne de la situation. On retrouve ainsi des personnes qui sont de bons samaritains qui peuvent “casser” l’objet de leur amour pour pouvoir le réparer encore et encore.
Il arrive aussi que des personnes avec ces syndromes font face à une personne qui tire de nombreux avantages à ne pas être bien. Et donc, on s’épuise sans cesse pour l’autre jusqu’à se consumer totalement parce que l’autre n’a aucun intérêt à sortir de ses difficultés.
Un sauveur ou une infirmière aura l’impression corps et âmes pour l’autre sans jamais rien avoir en retour dans sa vie.
Par ailleurs, un revers de la médaille possible est que les personnes touchées par ces syndromes peuvent se désintéresser des gens quand ils vont mieux. Donc en couple, quand l’autre est guérit, il arrive fréquemment que c’est le moment où la relation se termine.
Déceler les relations toxiques
Si vous pensez être touché par ces syndromes je vous invite à prendre de la hauteur sur la relation que vous vivez.
Je l’ai mentionné il y a quelques instants, votre dévouement peut installer une relation amoureuse qui est malsaine. En voyant une personne totalement dévouée à soi, le ou la partenaire peut malheureusement en abuser.
C’est une situation dont les pervers et perverses narcissiques savent tirer parti.
J’ai un article sur les relations toxiques, je vous invite à le découvrir si vous avez un doute quant à la relation dans laquelle vous êtes.
S’extirper d’une relation toxique
Bien entendu, ce n’est pas parce qu’on se rend compte qu’on est dans une relation toxique qu’on arrive forcément à en sortir.
D’autant plus quand on a l’un de ces syndromes. On a investi du temps pour guérir l’autre et il y a ces pensées qui restent dans un coin de notre tête :
- Si j’attends encore un tout petit peu, l’autre va changer et aller mieux
- Quand l’autre ira mieux, on pourra enfin vivre pleinement notre relation sans autant de souffrance
- Mon amour pour l’autre est capable de le ou la guérir
- Sans moi, l’autre n’a plus rien et ne pourra pas survivre
Sur cette dernière phrase, au passage, je pense qu’il faut bien se rendre compte du narcissisme qui existe dans cette pensée.
Est-on vraiment indispensable à la survie de l’autre ?
L’autre va-t-iel vraiment se laisser mourir si l’on part ?
Qui sur cette planète de 7 milliards d’habitants est vraiment indispensable à la survie de l’autre ?
N’est-il pas possible qu’il existe d’autres personnes capables de prendre soin des autres à part nous ?
C’est notre égo qui nous amène à regonfler notre image de nous-même en tenant ce rôle d’aidant. On n’aide pas réellement pour l’autre mais pour savoir et faire savoir qu’on a aidé.
Le mécanisme addictif d’une relation toxique
Pour en revenir aux relations qui sont toxiques car les bénéficiaires profitent et abusent de leur traitement, on peut se demander pourquoi on reste dans une relation toxique comme ça ?
Ce mécanisme s’explique par son système de récompense aléatoire. Un coup on gagne auprès de l’autre et un coup on perd. C’est comme les machines à sous dans les casinos. Machines qui nous rendent dépendants.
On a donc quelqu’un qui un jour va être immonde avec nous puis le lendemain adorable sans qu’il n’y ait de logiques particulière.
On ne sait pas vraiment si c’est lié aux soins qu’on a administrés ou non. Ce sont ainsi des renforcements positifs très ponctuels qui vont nous rendre accro.
Comment reconnaître le syndrome de l’infirmière et du sauveur ?
En résumé, pour reconnaître, si oui ou non vous êtes touchés par ces syndromes, il existe plusieurs signes. Plus vous cochez les cases, plus il y a des chances que vous ayez l’un de ces syndromes.
Pour ne citer que quelques exemples les plus fréquents, on retrouve les traits suivants :
- Le fait d’aider les autres même s’iels n’en ont pas envie
- Ne pas savoir dire non
- Se rendre disponible en tout temps, même quand ça ne nous arrange pas
- Se sentir indispensable même lorsqu’on ne l’est pas
- Avoir une perte de sens dans notre vie quand on est pas en train de gérer les problèmes des autres ou d’être utile à quelqu’un
- Faire quelque chose à la place de l’autre pour résoudre ou non le problème
- Ne pas prendre en compte voire ne pas connaitre nos propres besoins et désirs
Comment s’en sortir ?
Enfin, si vous êtes dans ce cas, avec ce don de vous-même envers les autres nous allons voir comment est-ce qu’il est possible de s’en sortir.
La prise de conscience
La première étape, ça va déjà être de prendre conscience qu’on a cette tendance forte à vouloir prendre soin des autres et les sauver.
La reconstruction de l’estime de soi
Ensuite, il y a toute une phrase de (re)construction de l’estime de soi.
C’est-à-dire, parvenir à accepter d’être aimé non pas pour ce qu’on fait pour les autres, pour ce qu’on leur donne ou ce qu’on leur apporte mais être aimé pour qui on est.
Troquer le sauvetage pour de l’amour inconditionnel
Donner de l’amour n’est pas un acte soumis à condition. Il faut réussir à remettre à sa juste place le fait de rendre service aux autres. Ce ne sera plus un sauvetage mais sincèrement un service rendu.
On va donc adopter des actions qui vont être davantage adaptées aux situations que nous vivons.
Questionner nos fonctionnements
De même, il peut être bon de questionner le fonctionnement en place. Vous, vous aimez d’une certaine manière. Vous montrez votre amour en prenant soin de l’autre.
- Demandez-vous donc de quelle manière l’autre prend soin de vous ?
- Si vous l’aimez de cette façon là, pourquoi l’autre ne pourrait pas vous aimer de la même manière ?
Dites vous bien que : vous aimer, prendre soin de vous, c’est : “qu’est-ce qui est mis en place pour que vous soyez vous aussi choyé dans la relation et en sécurité affective ?
Aussi, je vous invite à questionner votre don de vous-même. C’est important de réussir à différencier l’empathie de la soumission.
Vous n’avez pas besoin d’excuser des comportements inexcusables.
Comprendre pourquoi une personne agit de telle manière et faire preuve de patience, c’est bien. Cela dit, si vous vous ne faites rien, qu’est-ce que l’autre en face fait pour gérer ses troubles, ses problèmes, sa colère etc.
Est-ce que c’est un sujet pour l’autre ? Est-ce que ce sont des choses pour lesquelles l’autre essaye d’avancer ?
Parce que votre rôle dans le couple n’est pas de porter l’autre. Ce n’est pas non plus d’être un psy, une coach, une poubelle émotionnelle, un médecin, une infirmière, un éducateur etc.
On a tous besoin des uns et des autres d’une manière plus ou moins intense pour subvenir à nos besoins mais rendez vous bien compte que ce que vous donnez n’est absolument pas un dû et ne devrait pas être pris pour acquis.
Aller en thérapie
Par ailleurs, quand on a l’un de ces syndromes il peut être bon d’aller en thérapie pour faire un réel travail d’introspection afin de remonter à nos mécanismes d’attachement de l’enfance. Le syndrome de l’infirmière et du sauveur sont en effet ancrés dans notre passé.
En coaching il est également possible de travailler ces points mais à mon sens, un accompagnement thérapeutique va être très complémentaire avec le travail en coaching.
Cela va permettre de s’assurer de faire un travail en profondeur pour garantir la longévité et l’inscription sur la durée de nos nouveaux schémas amoureux.
Si vous souhaitez effectuer un premier travail introspectif, je vous invite à découvrir le livre suivant :
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