On parle ainsi de faire le deuil d’une relation amoureuse, de la perte d’un proche, d’une situation, d’une expérience ou autre. Je pense qu’on ne parle pas assez souvent du deuil qu’implique le fait de tourner la page sur une vision utopique et irréaliste d’une relation idéale qu’on continue de nourrir.
La construction de nos représentations amoureuses
On grandit avec des représentations de l’amour qui nous sont propres. Nous voyons nos proches se mettre en couple. On a une vision de ce qu’est l’amour par le biais de nos figures parentales. Puis on va continuer à l’alimenter en lisant des magazines ou des articles sur internet.
On regarde aussi des films et des séries. On lit ou on écoute des livres.
Tant de littérature, œuvres en tout genre et visions externes qui contribuent à construire ce à quoi ressemble une relation amoureuse à nos yeux.
Notre vision se construit implicitement et inconsciemment en tout premier lieu.
On intègre des croyances amoureuses, sur la relation, sur l’amour en général mais aussi sur notre rapport à l’autre. De fait, parfois, pour vivre une relation amoureuse épanouissante, il est nécessaire de faire le deuil d’une vision erronée de l’amour qu’on a pu bâtir.
Et je dis erronée dans le sens où nos attentes peuvent être complètement déconnectées de la réalité et impossible à atteindre. J’imagine que vous vous en doutez, des attentes trop élevées et inatteignables nous conduisent inévitablement à la déception et à l’échec amoureux.
Questionner nos croyances amoureuses
Personnellement, j’ai grandi avec l’idée que le grand amour, c’est pour la vie.
J’ai évolué avec la vision d’une âme sœur unique. Celle qui vient apaiser mes maux, qui me comprend et avec qui je cheminerai sans questionnement sur le chemin de l’amour.
J’ai nourri le rêve d’une famille unie.
Une rencontre, un début de relation, un mariage, des enfants, peut-être des animaux puis une vie commune avec un achat immobilier comme une maison.
C’est une vision assez véhiculée que je n’ai pas remise en question pendant longtemps. Pour moi, c’était ça la relation amoureuse évidente.
C’est d’ailleurs comme cela que lorsque j’ai démarré mes premières histoires amoureuses, je m’y suis jetée à corps perdu. Persuadée que c’était LA bonne personne à chaque fois.
Nos premières histoires comme enseignement de l’amour
Mon premier amour, je pensais que je l’aimerais toujours. Je ne me souviens pas vraiment de pourquoi j’ai décidé de m’en séparer. C’était probablement mes sentiments qui diminuaient à mesure que la désillusion amoureuse s’immisçait dans la relation.
J’ai eu l’opportunité d’avoir plusieurs relations où j’ai aimé follement les personnes avec qui j’étais. À chaque fois, je me suis projetée. Je dessinais notre avenir selon ma vision à moi.
On passe de bons moments, on termine nos études, on trouve une stabilité financière puis lorsque celle-ci est présente, le mariage, les enfants et la maison.
Je ne voulais pas être vieille en ayant mes enfants. J’envisageais de les avoir autour de 25 ans. Sans avoir conscience de la notion d’horloge biologique, je voulais vraiment des enfants en étant jeune.
Et je trouve cela amusant quand j’y pense puisque lorsque j’ai eu 25 ans, je n’étais clairement pas assez mature dans ma tête pour être maman.
La notion d’attentes irréalistes
Je vous parle de ce sujet aujourd’hui parce qu’au cours des dernières semaines, plusieurs conversations m’ont amené à repenser à ma vision des relations et j’ai réalisé que, bien que je construis une vision de l’amour plus juste et qui m’est propre, je n’ai toujours pas complètement fait le deuil de certaines attentes irréalistes que je peux avoir.
Je pense que c’est ok. C’est un deuil qui peut se faire de façon progressive. À partir du moment où on a conscience qu’on continue en tout cas de s’accrocher à des chimères, c’est plus facile de cheminer vers une vision de l’amour plus réaliste sans pour autant qu’on se sente lésé de devoir lâcher certains idéaux vis-à-vis de la relation.
L’amour, ce droit de naissance
Plus le temps passe, plus on galère en amour, plus on peut avoir un sentiment qui se développe. Celui que l’amour n’est peut-être pas fait pour nous.
On peut travailler sur nous, guérir nos blessures, nos traumatismes. Essayer de se sentir bien soi-même pour être bien avec l’autre et puis finalement quand on est en relation, ce sont les insécurités qui prennent le dessus. Nous laissant avec un goût amer. Celui qu’on arrivera jamais à être bien dans une relation.
Je vais enfoncer une porte ouverte avec l’affirmation suivante : l’amour est notre droit de naissance. Nous sommes des êtres de lien. On est câblé pour aimer et être aimé. Et bien sûr, il y a des personnes qui peuvent sembler privilégiées en amour et avoir plus de chance que nous.
Le contrôle sur ce qui est en notre pouvoir
Vu de l’extérieur on peut croire que c’est plus facile pour d’autres mais ce n’est pas le cas. Cela peut être frustrant mais cela n’empêche que c’est possible de construire une relation amoureuse consciente et épanouissante.
On n’a pas de contrôle sur l’extérieur mais on peut de notre côté, faire en sorte que le terrain soit propice pour savourer la relation quand elle est présente et la rendre durable et surtout sereine à travers le temps.
On peut aussi apprendre à mieux gérer nos émotions pour que, lorsque l’inconfort se présente dans notre rapport à l’autre, on navigue avec un peu moins de douleur dans tous les flots de sentiments, émotions et pensées qui se présentent à nous.
Et parfois, ce qui se réveille dans les conflits, dans l’inconfort d’une relation ou même parfois en amont de la relation c’est qu’on a la déception de ne pas être où on aimerait être en relation. Mais parfois ça arrive parce que justement, on a une croyance que l’amour devrait être de telle ou telle façon sauf qu’il s’agit d’une attente irréaliste.
Je vais donc prendre le temps de balayer quelques croyances amoureuses communes et peut-être que cela permettra de remettre en perspective des choses qui vous semblent évidentes ou acquises dans votre vision de l’amour.
Cela vous permettra, je l’espère, de faire le deuil d’éventuelles attentes irréalistes pour vous diriger vers l’amour imparfait mais vrai.
Les croyances amoureuses qui nous égarent
L’amour dure toujours
Alors déjà, je commence par l’amour qui dure toujours. Ce n’est pas l’amour qui est fait pour durer mais la conjugalité. Lorsqu’il y a des problèmes dans la relation, ce n’est pas l’amour qui est en cause.
Aujourd’hui, dans les relations, la société fait reposer le couple sur la notion d’amour en exigeant ensuite des réponses que l’amour ne peut donner.
On retrouve d’ailleurs derrière cette notion la croyance que quand on aime il n’y a plus de problème.
Avec la société de consommation dans laquelle on est, la culture du plaisir immédiat fait qu’on supporte de moins en moins les désagréments et on peut avoir tendance à partir du principe que si ça ne fonctionne pas c’est que l’amour n’est pas suffisamment fort.
Mais l’amour ne suffit pas à construire une relation. Et c’est un manque de maturité affective de penser que la relation amoureuse ne peut et ne doit générer que du plaisir.
On ne peut pas réellement aimer quelqu’un qu’on ne connaît pas. Il faut donc des années pour vraiment aimer. Et l’amour n’est pas le sentiment amoureux qu’on ressent en début de relation.
L’amour est une évidence
Ensuite, il y a la croyance que l’amour est une évidence. Au sens où, on peut croire que quand on aime vraiment, on doit pouvoir comprendre l’autre complètement et deviner tout ce dont il ou elle a envie.
De cela découle le désir réciproque que notre partenaire nous comprenne également et de fait, qu’il ou elle réponde à nos besoins et attentes sans que l’on ait besoin de rien dire.
Le problème avec ça c’est que c’est facile de dire qu’on est déçu quand l’autre ne répond pas ou ne réagit pas de la façon qu’on aimerait.
C’est tentant aussi, de dire à notre partenaire qu’il ou elle devrait savoir intuitivement comment répondre à nos besoins alors que parfois on n’a pas conscience de ce qui pourrait nous rassurer ou nous faire du bien à un instant t.
On met sur l’autre l’attente qu’il ou elle trouve des réponses à des questions auxquelles on n’arrive nous-même pas à répondre.
J’imagine que vous voyez bien comment est-ce qu’on condamne soi-même la relation à l’échec en gardant cette posture.
Ce qui nous amène à une croyance amoureuse, celle que notre partenaire est là pour satisfaire nos désirs, besoins et être disponible en tout temps pour nous.
Mon/Ma partenaire doit répondre à mes désirs, besoins et attentes
Quand on a conscience de nos besoins et de comment il est possible d’y répondre, la personne avec qui on est, a toujours son libre arbitre et en aucun cas n’est dans l’obligation de répondre à nos attentes.
C’est important de différencier des exigences, d’une demande.
Par exemple, une demande, c’est : “ça me ferait plaisir si tu remplis mon besoin d’amour de telle ou telle façon”.
Une exigence c’est “si tu ne remplis pas mon besoin d’amour de telle manière c’est que tu ne m’aimes pas assez”.
L’acceptation inconditionnelle de l’autre
Nous sommes tous différents, on a tous un vécu qui nous est propre et on est riche de nos propres expériences. On peut avoir besoin de beaucoup communiquer, si on se met dans une relation avec une personne qui dans sa façon d’être n’est pas communicante, c’est une erreur de croire qu’avec la relation cela pourrait changer. On ne change pas les gens.
Il y a donc deux options, soit on accepte que la personne potentiellement ne deviendra jamais une grande communicante soit on se dirige vers une relation avec quelqu’un d’autre qui correspond à notre vision de l’amour et qui a cette faculté de conversation.
C’est valable pour des personnes qui n’aiment pas les contacts physiques. Si c’est quelque chose dont vous avez cruellement besoin, ce n’est peut-être pas adéquat de persévérer dans une relation avec une personne qui n’aime pas ça car votre besoin de contact sera carencé dans votre relation.
Tout cela pour mettre en lumière le fait que oui on a des besoins dans une relation mais la personne avec qui on est n’est pas tenu de répondre à ces besoins. En revanche, on peut choisir d’être avec quelqu’un qui a le désir de répondre à nos besoins et pour qui cela rejoint sa propre vision de la relation et ce qu’il ou elle a envie de donner dans le couple.
L’acceptation de l’autre doit être inconditionnelle. En tout temps, demandez-vous :
- Si ce que je considère chez l’autre comme un défaut ne change jamais, est-ce que je suis prêt.e à apprendre à vivre avec ?
- Est-ce que les avantages de cette relation sont supérieur à ce qui m’apparait être un désagrément ?
Et je vais terminer avec qui dernière croyance qui est que la bonne relation n’implique pas d’efforts.
Une relation avec la bonne personne ne nécessite pas d’efforts
Quand on démarre une relation avec l’état amoureux, tout peut sembler facile et évident. Pourtant, plus on va avancer dans les différentes étapes de la relation, plus celle-ci va venir nous challenger.
C’est normal. Plus on connaît une personne, plus elle est proche de notre coeur, plus on entre dans l’intimité, plus elle est en mesure de venir réveiller des choses qu’on a pu enfouir en nous.
Cela peut donc demander des efforts de communiquer, de guérir des blessures, de comprendre les traumatismes de l’autre, de faire des compromis, d’accepter certaines contraintes.
Il ne peut y avoir que des avantages à la relation et dans une relation il n’y a pas que ce que celle-ci nous apporte ou ne nous apporte pas. Il y a aussi ce que nous on a envie de donner et d’y mettre.
Je viens donc de passer en revue un certain nombre de croyances sur les relations amoureuses. C’est celles qui me viennent en tête en ce moment puisque c’est un enjeu pour moi aussi de sortir de la vision de l’amour ultra romantique et idyllique dans laquelle j’ai baigné avec les contes de fées etc.
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