Alors que je me promenais le week-end dernier, j’ai été arrêté par quelqu’un lors de ma balade. Cet homme était en train de faire du tourisme dans la ville et il a rapidement manifesté son envie d’échanger avec moi. Je suis restée un temps avec lui pour discuter mais la magie n’a pas opéré, je n’ai pas eu de coup de coeur amical pour cette personne.
Ainsi, je vous raconte cette rencontre et comment l’étincelle aurait pu se déclencher si chacun d’entre nous avait adopter des postures différentes.
Vous pouvez également écouter cet épisode sur la plateforme de votre choix : 5. Story time: Comment l’écoute peut nous permettre d’établir une connexion émotionnelle
Retranscription :
Bonjour à toutes et à tous. Nous en sommes déjà au cinquième épisode de cœur d’articoach et je suis vraiment très contente de l’accueil que vous avez réservé à cette émission. La semaine dernière j’ai reçu plusieurs messages qui m’ont beaucoup touché pour me dire que ce format audio vous plait donc merci beaucoup pour tous vos retours. Cela me donne beaucoup de courage et de la force pour continuer à publier régulièrement. Merci beaucoup.
C’était la parenthèse “gratitude” de ce début d’épisode et nous allons pouvoir aborder un nouveau sujet tout de suite.
Une rencontre fortuite
Initialement, j’avais prévu de vous parler des langages de l’amour mais j’ai fait une rencontre ce week-end et je me suis dit que ce serait intéressant de m’appuyer sur les échanges que j’ai pu avoir avec cette personne pour pouvoir aborder la question de comment est-ce qu’on fait pour créer du lien avec quelqu’un ? Ou en tout cas, avoir des conversations riches. Que ce soit dans nos relations amoureuses ou toute autre relation, comment est-ce qu’on va pouvoir créer un pont émotionnel vers l’autre.
Les différentes personnalités
Il y a des personnes qui vont être très extraverties, qui vont aller facilement vers les gens et discuter mais la connexion émotionnelle avec l’autre ne se fait pas toujours. Personnellement, pendant un temps, j’avais tendance à admirer cette faculté à aller vers les autres mais à un moment donné je me suis rendue compte que même si on arrive à aller vers plein de gens, le lien ne se crée pas toujours.
En fait, ce que j’entends par connexion émotionnelle c’est le fait de réussir à être touché par l’autre et de parvenir à toucher l’autre. Vous avez peut-être déjà eu ce sentiment de coup de coeur envers quelqu’un. C’est une personne où vous avez envie de rester en lien avec elle, vous avez envie de continuer à la contacter et revoir cette personne.
Une connexion émotionnelle non systématique
À l’inverse, vous avez sûrement déjà vécu des rencontres où vous passez un bon moment mais pour autant vous n’avez pas plus que ça envie de revoir la personne. Ou encore, un moment où vous avez discuté avec quelqu’un mais vous n’y avez pas pris de plaisir. Ce n’était pas nécessairement désagréable mais votre esprit n’a pas été marqué.
J’ai ainsi envie de vous raconter ce qu’il s’est passé pour que j’ai ce déclic de me dire “c’est important de parler de ce sujet là. C’est important de parler de la connexion émotionnelle” alors que j’avais déjà décidé de vous parler des langages de l’amour.
Au détour d’une balade
Ce week-end, je suis sortie en ville comme j’avais des choses à faire et sur le chemin du retour je suis passée par un parc qui n’est pas loin de chez moi. J’avais pris mon appareil photo au cas où et j’étais en train de prendre une photo des fleurs dans ce parc et c’est d’ailleurs la photo que j’ai prise dans le parc que j’ai choisi pour illustrer cette épisode puisque c’est un petit clin d’oeil à cette rencontre. Donc je suis en train de prendre ma photo et j’entends quelqu’un qui parle en anglais “excuse me do you speak english”. J’étais concentrée, je me tourne. Je réalise que c’est à moi qu’il parle et je réponds “yes”.
Un premier échange
L’homme commence à me parler en me demandant s’il y a un office de tourisme pas loin, qu’il était en train de se promener, qu’il trouvait très beau le parc et qu’il avait envie d’en voir plus sur la ville. Alors je lui explique par où il peut aller pour rejoindre l’office du tourisme et en fait assez rapidement, il engage davantage la conversation avec moi. Pour me demander si je vis à Nantes ou si je suis une touriste comme je prends des photos dans ma propre ville. Donc on commence à discuter et il se passe quelque chose qu’il ne perçoit pas vraiment. C’est que je ne suis pas vraiment dans une humeur où j’ai envie de sociabiliser.
Se laisser surprendre
J’avais mon programme en tête, je voulais juste prendre mes photos et rentrer. Il me parle beaucoup, il commence à me raconter un peu sa vie. Et la première chose que je note, c’est qu’il ne décrypte pas l’atmosphère et mon manque de disposition d’ouverte. Après, je réalise que dans mon attitude peut-être que j’envoie des signaux contradictoires pourquoi pas. Je le relance un peu dans la conversation et puisque je sens que je vais avoir du mal à m’affirmer sur le fait de dire salut je m’en vais, je me dis pourquoi pas être dans l’acceptation de cet échange et vraiment rentrer dans celui-ci.
Je me dis que je ne sais pas ce que je ne sais pas et qu’il a probablement plein de belles choses à me faire découvrir sur lui-même, qu’il y a une merveille en lui à révéler. Donc je l’écoute, vraiment. J’ai un peu de difficulté parce qu’il parle très vite, avec un accent, en anglais. Ça fait longtemps que je n’ai pas pratiqué cette langue à l’oral mais je reste focus sur ce qu’il a à me dire.
Un dialogue à sens unique
Et par moment il fait quelque chose qui est très bien quand on veut créer du lien avec quelqu’un c’est qu’il m’invite à parler également. Il me demande de parler de moi, de ce que je fais dans la vie. À ce moment-là je suis contente et je commence à m’exprimer sauf que rapidement il y a un décalage entre nous. C’est qu’il me pose des questions mais n’écoute pas réellement la réponse. Il m’écoute pour réagir, rebondir et répondre à ce que je dis mais il ne m’écoute pas comprendre. Donc ça donne lieu à une conversation où je n’ai pas le temps de finir mes phrases, où je n’ai pas le temps de raconter quelque chose qu’il a déjà rebondis sur ce que je viens d’évoquer alors que je n’ai pas terminé ma phrase et il recommence à parler.
Un équilibre fragile
Nos échanges au final se sont résumés à beaucoup de temps de paroles pour lui et assez peu de mon côté. Donc moi je perçois un déséquilibre dans notre conversation et assez rapidement je décroche. Mais comme je vous le disais dans l’épisode 3 du podcast sur les rencontres, on est co-créateur de nos échanges. Et une partie de mon métier consiste à aider des personnes à se mettre dans une disposition d’ouverture et d’accueil de l’autre pour justement leur permettre de révéler leur merveille, celle de l’autre et faire en sorte que les émotions circulent dans les deux sens.
Parce que pour créer un pont émotionnel avec l’autre, il faut une route qui soit à double sens. Il faut que ce soit un échange. Et là de mon côté y a un bouchon qui s’est créé sur ce pont et il n’y a plus rien qui passe. Les émotions ne circulent pas vers moi. Quand ça ne circule pas dans un sens, ça ne circule pas dans l’autre sens non plus.
La fermeture qui s’installe
Une chose qu’il ne sait pas sur moi et qu’il ne peut pas savoir sur moi puisqu’il ne me connaît pas est que j’ai de la difficulté à m’ouvrir à quelqu’un et me livrer si on me coupe régulièrement la parole. Quand il me parle ce qui me traverse l’esprit, c’est cette phrase en anglais “read the room”.
Dans le sens, lis l’ambiance de la pièce, ouvre les yeux sur l’échange qu’on est en train d’avoir où il n’y a plus rien qui circule. Cet inconnu, qui cherche à rencontrer du monde sur Nantes, se faire des amis, avoir un cercle de personnes pour découvrir la ville, il est dans une posture où la connexion émotionnelle entre nous ne se fait pas et il ne le réalise pas ou du moins nous maintenons tous les deux ce déséquilibre. Moi je me dis à ce moment là c’est un bon cas d’étude et je me mets dans cette posture qui vient barrer la route complètement parce que je n’ai pas non plus envie de renverser la situation alors que je suis capable de le faire.
Quand on se rend compte dans une conversation que la personne en face décroche ou qu’elle n’a pas l’air intéressée par les échanges, il y a plusieurs façons de changer la donne.
Choisir de co-créer la conversation
Prendre son temps de paroles
Là dans mon cas, j’aurais pu dire par exemple: écoute je trouve que c’est très intéressant tout ce que tu me racontes, j’en connais déjà plus sur toi et j’aimerais bien à mon tour t’en dire un peu plus sur moi.
De cette façon, j’aurais repris les rênes de la conversation. Dans cette formulation, je m’impose et je me dévoile aussi. Je réduis ainsi le déséquilibre de l’échange qui s’est créé.
Exprimer nos perceptions
De même, j’aurais pu lui dire “lorsque je parle, quand je suis interrompue, cela me coupe dans mon élan et je me braque assez facilement de ne pas pouvoir terminer mes phrases. Est-ce que tu pourrais attendre que je termine avant de rebondir sur un sujet ?”
Choisir les sujets qui révèlent
Tout comme j’aurais aussi pu l’amener sur des sujets où il se serait réellement révélé. La conversation aurait été plus riche d’informations sur sa personne pour moi. J’aurais éventuellement pu être touché par lui. Globalement, je sais ce qu’il fait dans la vie, je sais où il est né, où est-ce qu’il a déjà voyagé, il m’a aussi raconté quelques anecdotes sur sa famille ou son passé mais ce n’était que des sujets de surface.
De son côté, si aujourd’hui je devais lui donner un conseil ce serait d’apprendre à écouter tout simplement. De laisser l’espace à l’autre pour s’exprimer. De faire preuve de curiosité envers l’autre non pas pour à nouveau ramener la conversation sur lui mais pour sincèrement avoir envie d’en savoir plus sur l’autre.
Alors que j’étais en train de lui raconter que je suis coach en amour, il me demande quelques conseils de lui même et là encore il n’écoutait pas ma réponse. Il n’écoute que la moitié et s’empressait de répondre.
Les clés d’une bonne communication
En résumé, avec cette anecdote, ce que j’ai vraiment envie de transmettre c’est comment avoir une bonne communication. Le principe d’une bonne communication c’est de réussir à avoir l’impact qu’on avait l’intention d’avoir en premier lieu, que la personne qui nous écoute comprenne ce qu’on a voulu témoigner. Dans un échange, globalement, on parle autant qu’on écoute. Et là je suis partie en ayant vraiment un sentiment où je ne me suis pas sentie écoutée. Bien entendu, comme je l’ai évoqué, j’ai ma part de responsabilité, j’aurais pu redistribuer les cartes mais ce n’était pas mon intention.
Quand on a envie d’échanger quelqu’un, quand on veut faire circuler les émotions, c’est important de savoir écouter l’autre. Et écouter, ce n’est pas un état de fait, c’est un verbe d’action. Cela demande une certaine posture.
Ecouter pour comprendre
Première chose, on écoute avant tout pour comprendre l’autre et non pas pour répondre. De fait, cela permet d’éviter de centrer la conversation sur soi.
Être présent.e
Ensuite, on fait preuve de présence. On écoute la personne 100% et on ne fait que ça. On ne regarde pas son téléphone, on ne regarde pas l’heure, on ne cherche pas d’échappatoire à l’horizon. ça c’est quelque chose qu’il faisait très bien, c’était de porter vraiment son attention sur notre conversation. Et si à un moment on décroche, ça arrive. Pas de souci, c’était mon cas, on amène la conversation sur un autre sujet si ça ne nous intéresse pas ou on verbalise le fait qu’on était ailleurs. “Excuse moi, je suis partie dans mes pensées, est-ce que tu pourrais répéter?”
Mettre de côté nos jugements de valeurs
Ensuite, quand on écoute quelqu’un c’est très important de ne pas porter de jugement. C’est ok d’avoir une vision du monde différente, on est pas obligé d’accrocher avec les convictions des autres. De même, on ne donne pas de conseils ou de solutions non sollicitées. Parfois les personnes ont simplement envie de s’exprimer. Souvent on connaît nous même les solutions mais on n’est pas prêt à les réaliser. Donc une personne qui vient nous dire “tu devrais ça”, “la solution c’est ça” ou “à ta place je ferais ça” alors qu’on était juste dans une dynamique de raconter, ça a tendance à donner une forme d’invalidation de ce que la personne vit donc j’ai tendance à conseiller de s’abstenir de donner des avis et conseils non sollicités.
Ne pas imposer nos opinions
Quelque chose que je trouve intéressant à mettre en place, c’est de demander à la personne ce qu’elle attend avant de s’exprimer. “Est-ce que tu veux mon avis ?” ou “Est-ce que tu veux un conseil ou que je t’aide ?”. Ce sont deux phrases toutes simples et qui peuvent parfois nous sauver et éviter des conflits inutiles. De nombreuses fois j’ai pu me braquer ou braquer les autres parce que j’ai donné à gogo des avis non sollicités que des personnes n’était pas prête à entendre.
Inviter les pauses et le silence
Une autre chose, pour une bonne communication, c’est de laisser de l’espace et des silences. Cela permet de se connecter à nos émotions et à notre vulnérabilité. Quand on enchaîne les conversations sans arrêt, on a pas toujours l’espace nécessaire pour se rendre compte de ce qu’il se passe en nous. On laisse à notre pensée le temps de se former et on offre cette possibilité là à l’autre aussi. Dans cette rencontre, il n’y avait pas de virgules et assez peu d’espace vide pour donner l’occasion à l’un ou à l’autre de réellement aborder des sujets peut-être plus riche.
Ne pas débattre sur les émotions de l’autre
Et puisque je parle de se connecter aux émotions, tout ce qu’on ressent nous appartient donc tout ce que nous ressentons est légitime. Donc dans une conversation on invalide pas un sentiment ou une émotion. Dire à quelqu’un. N’y pense pas. Pense à autre chose, ne fonctionne pas. Si c’était possible, l’aurait déjà fait. À cette phrase de pense à autre chose j’adore répondre “Ah oui, heureusement, que tu me le dis, de penser à autre chose. Pourquoi n’y ai-je pensé avant ?” Donc on fait preuve d’empathie envers la personne qui nous parle et qui s’exprime et on ne lui dit pas comment elle devrait ressentir les choses.
Reformuler les phrases
Et puis un dernier conseil, pour montrer que l’on suit bien une conversation, on peut reformuler les phrases de la personne avec qui on discute. On les reformule avec nos propres mots. Cela permet de montrer qu’on écoute, montrer que l’on veut comprendre et on s’assure également qu’on a bien compris le message que l’autre essayait de faire passer. Comprendre quelqu’un ne signifie pas forcément approuver ou apprécier ce qu’on a compris.
Conclusion
Et je clôture ce podcast là-dessus. J’ai ajouté certains conseils sur l’écoute même s’ils n’ont pas eu lieu pendant ma rencontre parce que ce sont des éléments qui sont très importants et écouter selon moi c’est vraiment tout un art. Tout comme être un bon orateur.
J’espère que cet épisode et ce format de story time vous a plu. Je réitère ma proposition d’invité dans le podcast. C’est justement des sortes de story-time, de témoignage un peu comme ça que j’aimerais bien pouvoir aborder avec vous. Cela peut se faire cela de façon anonyme et pas uniquement en podcast, un article sur le blog est possible également. Je vous laisse méditer là-dessus. Je vous souhaite de passer une très belle journée, à bientôt.