Comment faire pour désamorcer un conflit ? C’est un sujet qui revient souvent dans les séances de coaching et cela peut générer de la frustration, de l’inquiétude, beaucoup d’incompréhension etc.
Un conflit n’est pas nécessairement une énorme crise avec des cris, des larmes ou des claquements de porte. Si on prend la définition même d’un conflit, il s’agit d’une opposition d’éléments, de points d’intérêt, de sentiments. Et des conflits on en a inévitablement dans nos relations puisque nous sommes des êtres différents avec des expériences différentes et un prisme de la vie différent.
En fait, en fonction de notre degré de maturité affective et de nos compétences en communication, nous allons être en mesure de dialoguer au travers de ses conflits avec plus ou moins de grâce.
En sachant que, dans le couple, certains problèmes sont solubles et d’autres sont insolubles. Il y a ainsi des sujets sur lesquels on ne s’entendra pas de toute façon. Je pourrais revenir sur les 6 problèmes insolubles dans le couple, dans un prochain épisode, si ça vous intéresse.
Le sujet du jour consiste à vous transmettre quelques bonnes pratiques de communication et de postures à adopter lorsqu’il y a une mésentente dans la relation.
Quelques connaissances de base
J’aimerais commencer par vous partager quelques informations de base sur les conflits dans les relations amoureuses.
Une démarche mutuelle
Tout d’abord, il me semble important d’avoir conscience que pour désamorcer un conflit il faut être deux dans la démarche. De même, vous avez peut-être déjà entendu parler de communication non violente. Il faut aussi être deux pour que cela fonctionne.
Il y a plusieurs frustrations dans les disputes qui viennent du fait qu’on apprend à communiquer avec toute notre bonne volonté et les résultats escomptés ne sont pas toujours au rendez-vous. C’est tout à fait normal car la seule chose qu’on va contrôler c’est comment on se responsabilise dans la situation et comment est-ce qu’on communique nos désaccords.
La façon dont la personne interprète les informations qu’on choisit de lui transmettre et comment elle décide d’y répondre ne nous appartient pas.
Un compte épargne émotif dans le positif
Ensuite, la seconde chose qui me semble importante à mettre en lumière concerne le terrain affectif sur lequel on relationne.
Il ne suffit pas d’aimer pour que la relation fonctionne. Aimer est un verbe d’action. Comme j’ai déjà pu l’exprimer dans l’épisode 2 sur l’état amoureux, tant qu’il y a nos hormones de l’amour qui sont à des taux élevés, on va être plus enclin à protéger la relation et aussi, faire de nombreux efforts pour la préserver.
À partir du moment où l’on traverse dans le voyage du couple, la désillusion ou la lutte de pouvoir, il est parfois plus dur de relationner car la balance des interactions négatives a pris le pas sur les interactions positives.
Dans l’épisode 6 du podcast, j’évoque notamment le sujet de la banque d’amour. On parle de compte épargne émotif du couple. Au même titre que sur un compte bancaire où l’on souhaite éviter la découvert, dans une relation amoureuse on va avoir des ajouts sur le compte comme des retraits qui vont faire que la relation est dans le positif ou le négatif. Et le truc avec les retraits c’est qu’ils ont une pondération plus élevée que les ajouts.
Un merci ou je t’aime n’amène pas un équilibre sur le compte face à une critique, par exemple. Je vous invite à écouter cet épisode plus en détail si cela vous semble flou.
Je vous pose ce contexte pour vous indiquer que, lorsque le compte émotif est dans le négatif depuis un certain temps, l’un ou l’autre des partenaires dans la relation pourra avoir de la difficulté à passer sous silence des critiques, des réactions défensives ou des attaques personnelles.
Plus la frustration dans la relation est élevée, plus il est difficile d’être constructif lorsque l’on est en proie face à nos émotions.
Quand bien même on souhaite désamorcer un conflit, si notre partenaire met en échec nos tentatives, cela va être compliqué d’être constructif à l’instant t.
Le principe de cumuler des interactions positives va aussi permettre de ne pas éveiller les cavaliers de l’apocalypse.
Personne ne détient la vérité absolue
Il y a une dernière chose qui me semble pertinente à mentionner avant de voir comment on peut désamorcer un conflit. Il s’agit du fait que personne ne détient la vérité absolue.
On a tous des compétences que l’on peut développer, des points que l’on peut améliorer chez soi. Pour autant, quand bien même on peut avoir le sentiment d’être plus avancé sur le chemin que notre partenaire, c’est important de garder une forme d’humilité dans le lien.
Je vous invite donc, de manière générale, à ne pas prendre pour acquis vos pensées et vos opinions. De cette façon, cela évitera d’imposer à votre partenaire que telle ou telle chose est la bonne façon de faire, la bonne façon de penser, la bonne façon d’agir etc.
Quand bien même, je peux, à titre personnel, considérer que j’ai une certaine intelligence émotionnelle, je mets de la conscience sur le fait que je peux me tromper. La communication non violente, je trouve ça super, c’est un outil de communication, je peux avoir envie que mon partenaire l’utilise et pour autant peut-être que ce n’est pas l’outil le plus adéquat pour mon partenaire au regard de son degré d’intelligence émotionnelle.
C’est en ce sens là que je vous invite à garder en tête que personne ne détient la vérité absolue. Dans la relation, on va former une équipe et on va chercher à résoudre les problématiques à deux. Chacun va amener ses propres forces et ça va permettre d’aboutir à des solutions qui vont être gagnantes pour les deux partis.
En résumé, on essaye pas d’imposer à l’autre ce qu’on croit être “la bonne façon de” ou “comment il est normal de”.
Anticiper les conflits : préparer le terrain quand tout va bien
Dans les disputes, il y a deux questions auxquelles on va chercher des réponses :
- Comment faire pour ne pas arriver à la dispute ?
- Comment désamorcer un conflit lorsqu’il se présente ?
Selon la récurrence des disputes et des conflits, il sera plus ou moins facile de mettre en place les solutions. Pour la première question donc : “comment faire pour ne pas arriver à la dispute ?” Cela pourrait être un prochain épisode de podcast, notamment si j’aborde les conflits solubles et insolubles.
Quant à la deuxième question : “Comment désamorcer un conflit lorsqu’il se présente ?”, et bien, une chose chouette à faire est de préparer le terrain quand tout va bien.
Bien entendu, on n’a pas envie d’aborder des sujets qui fâchent quand on passe un bon moment. Cependant, c’est précisément lorsque tout va bien que l’on n’entre pas dans des proportions démesurées de dispute puisqu’on a suffisamment de recul pour être orienté solution.
On peut ainsi formuler la demande à notre partenaire :
- Est-ce que tu serais disponible pour échanger avec moi ?
On accepte le fait que notre partenaire a le droit de dire non. De sentir que le moment n’est pas juste pour elle ou lui pour aborder le sujet.
Si la réponse est non, on peut alors demander à l’autre de revenir vers nous dans les jours qui suivent pour discuter.
Si la réponse est oui alors on peut commencer par instaurer un cadre bienveillant. On verbalise le fait que l’on choisit d’aborder un sujet tendu, précisément parce qu’on tient à la relation, à l’autre et qu’on a envie que le souci ne se reproduise plus.
On va ensuite pouvoir formuler clairement le problème et réfléchir ensemble à des solutions. Quand dans des conflits, on a le sentiment d’être dans une impasse, cela peut être intéressant de faire appel à un point de vue extérieur comme du coaching de couple ou de la médiation de couple afin de vérifier déjà que l’on cherche à traiter la bonne problématique mais aussi qu’on puisse avoir des idées ou solutions auxquelles on n’a pas forcément pensé puisqu’on a la tête en plein dedans.
Désamorcer un conflit : les bonnes pratiques de communication
Je vais maintenant vous partager quelques bonnes pratiques de communication. Cela peut servir quand on prépare le terrain tout comme quand on est en plein conflit.
1. Mettre de côté son égo
Je commence par le fait de mettre de côté son égo. Dans un conflit, demandez vous bien ce qui est le plus important pour vous : avoir raison ou préserver la relation ?
Cela ne sert à rien d’entrer dans une démarche de :
- il faut que l’autre comprenne que
- elle doit reconnaître que
- iel m’a trop blessé donc je ne ferais pas le premier pas etc.
Dans un conflit on s’en fout de savoir qui a raison, qui a jeté la première pierre, qui a fauté etc.
Le but, à priori, est de trouver une solution pour que le conflit ne revienne pas. On s’attache donc à regarder la vraie source du problème et ce qui passe à l’intérieur de nous.
2. Écouter attentivement
Ensuite, conseil basique mais primordial, on fait l’effort d’écouter attentivement l’autre. C’est-à-dire, accorder une attention réelle à l’autre personne et essayer de comprendre ses préoccupations, ses émotions et ses besoins. On montre qu’on est disposé à entendre son point de vue et on ne débat pas sur les émotions, les opinions ou les besoins exprimés par l’autre.
Dans la conversation, on s’assure que l’on comprend bien ce que notre partenaire nous partage. On peut le faire notamment grâce à une « formule magique », qui consiste à répéter ce qu’on entend :
- Je t’entends dire que … Est-ce bien cela ?
Puis :
- Ce que je comprends, c’est … Est-ce bien cela ?
La personne qui s’exprime pourra alors dire “oui mais j’ai aussi dit que” et “il y aussi ça”. Et à chaque fois que l’autre ajoute quelque chose, on continue avec cette formulation de “je t’entends dire que”.
Et bien sûr, écoute attentive implique qu’on laisse l’autre s’exprimer jusqu’à la fin sans couper la parole. Cette écoute active favorise le fait de désamorcer un conflit.
3. Utiliser un langage constructif
Tout au long de la conversation, on va aussi mettre de l’attention sur le langage que l’on emploie. On utilise des « je » plutôt que des « tu » pour éviter de paraître accusateur. De même, on essaye de trouver un langage commun pour discuter du problème et chercher des solutions mutuellement acceptables.
On évite aussi l’emploie des termes “toujours” et “jamais”. Comme : “C’est toujours pareil avec toi”, “tu ne fais jamais ça” etc.
4. Pratiquer l’empathie
Autre chose, on essaye de se mettre à la place de l’autre personne et de comprendre ses sentiments et ses perspectives. L’empathie peut contribuer à apaiser les tensions et à favoriser une meilleure compréhension mutuelle. À défaut d’être d’accord ou de comprendre, il est tout de même possible d’exprimer de la compassion en disant quelque chose comme “c’est vrai que cela doit être difficile à vivre”.
De même, soyez prêt à reconnaître vos erreurs ainsi qu’à présenter des excuses si vous avez contribué au conflit. Assumer la responsabilité de ses actions peut aider à rétablir la confiance et à ouvrir la voie à la résolution.
5. Clôturer sur une note rassurante
Il est possible de ressentir le besoin de vider son sac. Vous pouvez le faire en vous accordant mutuellement 10 minutes chacun, pas plus. Et très important, clotûrer la conversation sur une note rassurante en verbalisant par exemple : “Je t’aime quand même.”
Il est important de noter que chaque situation de conflit est unique, et ces différents conseils peuvent nécessiter des ajustements en fonction du contexte. Si le conflit est complexe ou persistant, il peut être utile de consulter un professionnel de la résolution des conflits pour obtenir une assistance supplémentaire.
Je pense avoir pu vous transmettre un certain nombre d’informations utiles concernant les conflits. J’espère que cela vous parle et que vous pourrez instaurer un cadre de conversation bienveillant dans vos relations.