Reconstruire la relation après une infidélité

Mai 20, 2024 | Guérir son coeur, Infidélité, Podcast, Sauver son couple

Comment réparer et reconstruire la relation après une infidélité ?

Après une infidélité, il y a une grande question soulevée qui est : “qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on reste ensemble ou non ?”

Dans cet article, j’ai envie de donner des pistes pour l’étape qui arrive après qu’on ait répondu “oui” à la question précédente. À savoir, maintenant qu’on choisit de rester ensemble, comment fait-on pour réparer la relation ? Comment fait-on pour repartir sur de bonnes bases ?

Puisque vous vous en doutez, on a beau se dire “ok, on va avancer ensemble”, on peut quand même se retrouver pris dans un tourbillon de conflits, d’émotion, de rancœur etc. 

Dans cet article, je vais donc aborder différentes thématiques comme la reconstitution de la confiance, la re-connexion à l’autre, le pardon et le rythme de chacun et chacune. 

Libérer l’espace nécessaire pour la personne qui se sent trahie

Un premier pas pour réparer va être de libérer de l’espace pour la personne qui se sent trahie. Je m’explique. 

Dans un premier temps, il y a le moment où l’une des personnes du couple va recevoir le choc de l’infidélité. Ce choc va souvent s’accompagner de beaucoup d’émotions et de conclusions arbitraires. 

C’est une étape où on peut entendre des phrases comme : 

  • Tu ne m’as jamais aimé
  • Tu n’as aucun respect pour moi
  • Je me sens trahie et humiliée
  • J’ai l’impression que tu me prends pour une serpillière

C’est une période qui est très délicate puisque la colère ressentie par la personne qui se sent trahie peut être telle que la personne qui a rompu la clause de fidélité du pacte du couple peut avoir le sentiment qu’elle n’a plus le droit de s’exprimer à cause de ce qui est perçu comme une faute grave de sa part.

C’est un moment où la personne qui a trompé son ou sa partenaire est bien embêtée parce qu’elle sait que sa décision, l’acte qu’elle a pu avoir à un impact sur l’autre. Elle ne veut pas minimiser ce que l’autre ressent puisque c’est important de montrer qu’elle se responsabilise vis-à-vis de ses actes. Sauf qu’en même temps, elle ne peut pas valider l’entièreté du propos de son ou sa partenaire puisqu’il y a des propos qui sont faux. La personne peut tromper son ou sa partenaire et malgré tout, aimer son ou sa partenaire. 

Alors que faire face aux accusations de l’autre ? Le silence pourrait être interprété comme un aveu. Une justification ne serait pas la bienvenue. Mais si on laisse la situation se dégrader, cela donne l’impression que cette version des faits va rester pour toujours et qu’il ne sera plus possible de réparer.

J’ai trompé mon/ma partenaire, quelle posture adopter ?

Tout d’abord, il n’y a pas besoin de mentir. Il y aura un temps et un espace pour chacun et chacune. Et une première étape pour réparer va être de libérer de l’espace pour que la personne blessée par l’adultère puisse partager son expérience. 

Je vois trop de couples qui essayent de sprinter cette étape parce qu’elle est très inconfortable. Je pense sincèrement qu’elle est indispensable et qu’il faut prendre le temps de la traverser pour pouvoir remettre de bonnes bases.

Cette étape n’est pas qu’une question de raconter sa version de l’histoire. C’est un moment où la personne qui a été trompée va aborder ses peurs, sa vulnérabilité, ses émotions etc. 

Cela va peut-être ricocher dans tous les sens avec des accusations qui vont piquer : 

  • De toute façon tu es égoïste, tu n’as jamais pensé à moi
  • Cela n’a jamais eu d’importance pour toi de prendre soin de la relation 
  • J’ai tout fait pour le couple, pendant que toi tu étais ailleurs

Dans des moments comme ça, si c’est vous qui avez trompé l’autre, vous pouvez prendre vos responsabilités sans affirmer ou infirmer ce que l’autre partage.

Nommer les zones de responsabilités

N’hésitez pas à dire et à lister où se situe votre responsabilité pour ce que vous auriez dû faire et ce que vous n’avez pas fait. 

  • Je suis vraiment désolé, j’aurais dû t’en parler plus tôt
  • Je n’aurais pas dû laisser les choses se dégrader jusque là
  • J’ai bien conscience que je n’aurais pas du te mentir et te dire que tu étais folle de croire que je t’avais trompé quand tu as commencé à découvrir mes actes

Petit à petit, plus vous allez nommer vos points de responsabilité, plus le discours va commencer à redescendre vers une version plus équilibrée. De conversation en conversation, on va retirer des couches d’émotions ou d’interprétations jusqu’à arriver en profondeur à un stade où il y aura un espace pour que les deux personnes puissent s’exprimer. Jusqu’à arriver à une forme de vérité. En tout cas, une vérité qui sera vue, entendue et perçue d’une façon commune des deux côtés. 

Ce qu’il faut bien garder en tête aussi à ce moment-là c’est qu’il n’existe pas de recette miracle. Il n’y aucun mot, aucune phrase qui peut assurer que la seconde chance que vous donnez à la relation va forcément fonctionner. 

Par contre, s’il y a un désir de réparation, emprunter cette voie d’échange et de vulnérabilité est une étape nécessaire.

Et comme je le disais, prenez vraiment le temps de la traverser. Sans quoi, vous aurez besoin d’y revenir des semaines, des mois voire des années après. La personne qui se sent trahie aura de la difficulté à pardonner, avancer ou se sentir en sécurité affective s’il n’y a pas une forme de validation et d’acceptation de son vécu à cet instant t. 

Valider les expériences de chacun

Il se passe énormément de belles choses lorsque l’on valide les sentiments, les ressentis et l’expérience de l’autre. 

C’est là où j’ai envie de vous parler de re-connexion. De se retrouver avec l’autre. 

En fait, valider l’expérience de l’autre ne veut pas dire qu’on est d’accord avec ce que la personne décrit. C’est valable dans les deux sens, quel que soit le “rôle” que l’on incarne dans le système. On se met à la place de l’autre. 

Quand on le fait, on peut valider les sentiments. On peut valider le fait qu’on est le déclencheur responsable des émotions de l’autre. 

  • Je comprends que tu vives les choses de cette façon
  • J’entends que c’est dur pour toi de me donner ta confiance et je le comprends complètement

On peut valider et apporter de l’empathie sans pour autant que cela signifie “Je comprends ce que tu ressens donc on va faire tout ce que tu décides.”

Par exemple, ce ne serait pas sain de dire “Je comprends que le fait que je t’ai trompé te blesse alors on va régler les choses à ta manière et je vais donc accepter de me faire insulter tous les jours.” 

Quand on valide, on est pas du tout en train de dire “Comme je te comprends, je vais faire ton truc”. 

Avancer à son propre rythme

Et c’est là où justement certains couples essaient de passer rapidement l’étape de “on discute et on valide les ressentis de chacun”. Parce que certains et certaines ont l’impression que sous prétexte que oui, ils ont pu blesser l’autre, cela donne le droit d’être blessé en retour, de ne plus se faire respecter par l’autre, de voir des limites franchies etc. 

Mais pas du tout. On ne répond pas à une limite franchie, en franchissant les limites de l’autre. On ne répond pas à de la violence par de la violence. C’est l’amour qui est perdant à ce moment-là. 

Si vous êtes dans une démarche de réparation, de nettoyage de toutes ces “poubelles” qui ont été amenées dans l’espace de la relation, cela peut et je dirais même doit, se faire dans le respect de chacun. 

Et cela me permet de faire une jolie transition avec la notion de pardon.

Pardonner l’adultère 

Notamment parce que ce qui ressort souvent dans la difficulté à pardonner l’infidélité est le fait que cela donne l’impression à la personne qui aimerait pardonner est que si elle le fait, c’est la porte ouverte à toutes les trahisons possibles. 

  • “Si je pardonne à mon ou ma partenaire son infidélité, il ou elle va recommencer.“

Ce qui me semble important à dire voire à redire avec le pardon est que pardonner ne signifie aucunement qu’on approuve le comportement de l’autre. 

On peut pardonner tout en dressant ses limites. En étant très ferme avec soi-même et avec l’autre qu’il y aura une fois mais pas deux. Auquel cas, voici les conséquences que je t’expose s’il y a une deuxième fois.

Tout comme, c’est une possibilité de choisir de ne pas pardonner. Mais à ce moment-là, c’est important d’en prendre l’entière responsabilité et d’accepter les conséquences qui vont avec. Vous pouvez agir en fonction du non pardon. 

C’est-à-dire que vous pouvez être honnête avec votre partenaire et lui exprimer que c’est trop dur pour vous aujourd’hui de pardonner. Mais soyez prêt ou prête à entendre aussi que votre partenaire n’aura peut-être pas envie de rester dans la relation si le sujet du pardon n’est pas dans vos projets sur du moyen ou long terme.  

La dernière chose que j’aimerais rappeler concernant le pardon est que celui-ci s’accorde avant tout pour soi-même. C’est épuisant de nourrir de la rancœur. Le pardon, c’est pour notre paix intérieure.

Et si jamais vous vous demandez si c’est viable de continuer la relation sans jamais pardonner, j’ai le regret de vous annoncer que sur du long-terme, cela sera compliqué. Car cela maintient une forme de dette dans la relation et le déséquilibre engendré pourrait fragiliser le lien. 

Comment rétablir la confiance ?

Ensuite, comment faire pour rétablir la confiance ? C’est sûr qu’on peut avoir l’intention et l’envie de réparer mais on peut aussi avoir l’impression que ça ne redeviendra jamais comme avant. Il est vrai qu’on ne peut pas annuler les actes passés. On peut par contre choisir la perception qu’on en a, les apprentissages qu’on en tire, les décisions qui en découlent etc.

Je vais vous donner une image que je trouve très parlante. 

Une bouchée après l’autre

La relation avant l’infidélité peut être vue comme notre plat préféré. On adore notre plat, il est délicieux, savoureux et chaleureux. Puis, quelqu’un vide un pot d’huile piquante dans le plat. En apparence, c’est le même plat mais quand on le goûte, c’est trop piquant, ça brûle la bouche et ça nous dégoûte. Alors qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce que la seule issue est de jeter le plat ? Pas forcément. 

On va en manger petit à petit. Et à mesure qu’on goûte et prend une nouvelle bouchée, on va rajouter une cuillère du plat habituel, celui sans sauce piquante dans notre assiette. Pour chaque bouchée prise, on ajoute une nouvelle bouchée non écoeurante. De fait, plus on va ajouter du plat non piquant à notre assiette, plus cela va venir diluer le piquant qui a été ajouté jusqu’à ce que celui-ci ne se sente presque plus. 

C’est ce qui va se passer avec la relation, plus on va amener de la connexion, de l’empathie, de la compréhension et des souvenirs qui nous mettent en lien, plus on va revenir proche de ce qu’elle était auparavant. On pourra retrouver de la familiarité et peut-être même de quelque chose de nouveau.

S’autoriser l’écoeurement avant de continuer

Et bien sûr, à mesure que l’on continue de déguster ce plat, on a le droit de trouver que ce n’est pas juste et qu’on a rien demandé. C’est normal d’avoir des pensées telles que le fait de vouloir qu’on nous serve une nouvelle assiette sans cette sauce piquante qui vient tout gâcher. Je comprends complètement. 

Cela dit, si vous avez sincèrement envie d’avancer avec l’autre, alors la seule façon d’y parvenir sera en traversant cette expérience, ces émotions qui, désormais, font partie de votre histoire commune. 

La confiance reviendra petit à petit, en se laissant le temps de digérer et d’y aller bouchée après bouchée. Alors oui, au début, on navigue à vue. Et oui, on peut avoir le sentiment qu’on n’en sortira jamais. Mais cette crise à traverser, à partir du moment où vous êtes ensemble dans la démarche de reconstruction, elle sera temporaire. Surtout, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner par un ou une professionnelle dans ces périodes là parce que c’est délicat de trouver les ressources par soi-même avec nos cocktails d’émotions respectifs. 

Retrouver une sexualité après une infidélité

Cette interrogation de comment reconstruire la confiance s’accompagne aussi souvent de la question de “comment faire pour retrouver une sexualité ?”

Il n’y a pas une unique réponse puisque chaque individu aura sa propre réaction vis-à-vis de la sexualité et comme pour la confiance, je pense que c’est important d’aller à son propre rythme. 

Interroger les blocages éventuels

À mesure que vous allez retrouver une forme de confiance dans la relation, cela deviendra plus aisé de renouer aussi physiquement. 

Dans un premier temps, je pense que déjà, on peut se demander si on a envie de retrouver une intimité avec l’autre. Et si oui, qu’est-ce qui nous en empêche ? 

  • Est-ce qu’on a des images particulières en tête ? 
  • Est-ce qu’on a l’impression de se rabaisser en acceptant un rapport ?
  • Quelles sont les pensées qui nous saisissent à l’idée de renouer sexuellement ?
  • Est-ce qu’on a peur du jugement de notre entourage ?

Trouver son propre rythme

Il y a des personnes qui vont très rapidement avoir besoin de réinvestir l’intimité sexuelle. En effet, pour certaines personnes ce sera rassurant de remettre du toucher, de la sensualité, du désir etc. 

Pour d’autres, il y aura besoin de plus de temps. À ce moment-là, on peut trouver des étapes comme renouer par le toucher. 

Instaurer du toucher par étape

Le toucher non sexuel pourra permettre de reconstruire l’intimité. C’est-à-dire pratiquer des câlins, des massages ou même simplement se tenir la main. Ces gestes peuvent aider à rétablir une connexion physique et émotionnelle.

La connexion émotionnelle

Ensuite, on peut amener du dialogue. Être dans une forme de conversation on l’on exprime en tout sincérité ce qu’on veut vivre mais aussi les blocages que l’on ressent. On peut venir créer un espace de dialogue régulier, comme des moments dédiés chaque semaine pour discuter de ses sentiments sans interruption ni jugement.

Les moments de qualité

On peut aussi choisir de partager des activités ensemble. De participer à des loisirs communs, découvrir de nouvelles passions ou simplement passer du temps de qualité ensemble pour solidifier le lien émotionnel.

Les paroles valorisantes

Une autre piste peut être d’instaurer des rituels de connexion quotidienne, comme se dire des mots doux, envoyer des messages attentionnés etc. Venir valoriser la personne qui a été trompée puisqu’il est possible qu’elle soit davantage en demande si son estime de soi a été fragilisé.

En fait, prendre soin de la sexualité dans la relation, ça part du fait de prendre soin des autres piliers de la relation. Avant d’arriver à l’acte sexuel en lui-même, on peut voir la facette de nourrir la relation comme un préliminaire qui nous met dans une disposition de confiance, de lâcher prise, de partage etc. 

Revisiter la sexualité

La dernière piste qui me semble intéressante à explorer peut être de redéfinir votre sexualité ensemble. C’est-à-dire discuter de vos désirs, de vos fantasmes, de ce qui vous excite et de ce qui ne vous convient pas. Explorer de nouvelles pratiques sexuelles ou simplement prendre le temps de redécouvrir le corps de l’autre pour instaurer une nouvelle dynamique dans la vie intime.

En bref, ce qu’il faut retenir de cet article est que l’essentiel, à mon sens, est de faire preuve de patience, d’écoute, d’empathie et de beaucoup de douceur. Que ce soit envers soi-même ou envers l’autre. À partir du moment où vous décidez de rester ensemble et de réparer la relation, alors soyez dans une démarche de soutien mutuel. Renouer et rétablir la connexion est un processus qui demande du temps et des efforts de la part des deux partenaires. Il n’y aura pas de raccourci mais ce type de crise peut être une très belle opportunité de croissance pour chacun et chacune. Et surtout, pour la relation.