Le film Irish Wish décrypté par une Love Coach

Mar 26, 2024 | Comprendre l'amour, Décryptage

Hier, je me suis laissée tenter par le visionnage d’une comédie romantique sur Netflix, le film Irish Wish. Celui-ci était dans le top des films suggérés alors je me suis dit “pourquoi pas”.

Amatrice des formats à l’eau de rose, je me suis dit que je passerais un bon moment sans m’attendre à être émerveillée non plus.

Mais finalement, pour être très honnête, plus le film avançait, plus j’étais agacée.

Et oui, il y a des jours où cela m’agace, qu’encore aujourd’hui, on véhicule des idées réductrices de l’amour.

Une fiction est une fiction.

On a beau le savoir, ces fictions contribuent tout de même à ancrer en nous de fausses croyances. Comme par exemple :

Le destin me réunira avec mon âme soeur.

Dans cet article, j’ai donc décidé de décrypter les détails qui m’ont sauté aux yeux concernant le film Irish Wish. Mon but n’est pas de le classer dans une catégorie bon ou mauvais film mais plutôt de vous amener à observer comment des détails peuvent venir générer ou renforcer des croyances erronées sur les relations amoureuses.

ALERTE SPOILER : Si vous n’avez pas vu ce film mais comptez le voir, je vous préviens dès à présent que cet article pourrait vous divulgacher le scénario. (Même si, très honnêtement, on comprend très vite ce qu’il va se passer.)

Le paysage du film Irish Wish

Une femme est invitée au mariage de l’homme qu’elle aime avec… Sa meilleure amie. Elle garde pour elle ses sentiments afin de ne pas leur causer du tort. Cela dit, elle en vient tout de même à souhaiter se marier avec lui auprès d’une fée et hop ! La magie du film fantastique fait que son voeu est exaucé… Mais pas comme elle l’imagine. Elle se réveille en étant la future mariée, sans savoir comment leur histoire s’est construite et pas à pas, elle découvre des bribes d’informations.

Jusque là, il n’y a rien de très novateur. On est sur un scénario classique où l’héroïne fait un voeu pour, finalement, vivre des péripéties liées à son souhait.

La morale classique du “Be careful what you wish for.” En français, on a donc “Prend garde à ce que tu souhaites”. Notamment parce que lorsque l’on obtient une chose que l’on désire, il peut y avoir tout un tas d’implications et de conséquences qu’on n’a pas anticiper au préalable.

Jusque là, pourquoi pas. Après tout, j’aime regarder des films d’amour, quand bien même ils sont irréalistes. D’autant plus qu’ici, on est sur du fantastique donc on se doute bien que ce n’est pas réel.

Ce film aborde ainsi plusieurs thématiques :

  • La notion de timing et de relation inachevée : “Et si j’avais dévoilé mon amour plus tôt, pourrais-je être à la place de mon amie ?”
  • L’idée de “la bonne personne” spécifiquement destinée à chacune d’entre nous
  • Les notions de compatibilité amoureuse avec les différents apprentissages concernant le pourquoi ils sont fait l’un pour l’autre. (Ou pas)

Une relation inachevée avec son collègue

Notre héroïne Madeline n’a pas osé dévoilé ses sentiments à son bien-aimé, Paul. (Il était temps que j’emploie leurs prénoms.)

Dès les premières minutes du film, on voit bien qu’elle l’idéalise. De plus, ses sentiments amoureux lui laissent penser qu’il y a une chose spéciale entre eux. D’autant plus qu’il a quelque chose à lui annoncer.

Le tableau se dresse et on comprend rapidement qu’ils travaillent ensemble et qu’elle est celle qui a fait du livre de Paul un succès. Aveuglée par l’amour, elle est prête à tout pour le satisfaire et lui plaire. (Une dose de suradaptation amoureuse réaliste pour le coup.)

De son côté, la grande annonce qu’il a à lui faire est de mettre son projet de livre de côté pour continuer à travailler dans son ombre et l’aider à développer sa propre carrière. (On devine ainsi qu’elle ne l’aime pas pour son empathie ou son don de soi.)

Toujours est-il qu’elle est surprise mais dit tout de même oui. Avant de rapidement voir son bien-aimé lui filer sous le nez lorsqu’il a un coup de foudre pour sa meilleure amie.

Transition, on est propulsé 4 mois plus tard, les deux tourtereaux vont se marier dans les jours à venir et elle est demoiselle d’honneur.

Comment est-il possible d’être si malchanceuse en amour ? Ou plutôt comment se qu’on croit être de la malchance nous amène à rencontrer “la bonne personne”.

La notion de bonne personne

Tout au long du visionnage, des indices sont parsemés pour laisser penser qu’ils ne sont pas fait l’un pour l’autre. Notamment parce que sa malchance fait que sa valise est perdue à l’aéroport, ce qui l’amène à rencontrer un beau photographe : James.

Leurs chemins se croise à nouveau et la connexion est intense entre eux. Alors qu’initialement, on est sur des interactions peu agréables entre eux. Serait-on attiré par les personnes détestable en premier lieu ? En tout cas, cela laisse à penser qu’il faut insister pour que l’un ou l’autre retire sa carapace.

Dès le début, on sait qu’ils vont finir ensemble. En soi, pourquoi pas. On a le cliché du photographe qui parcourt le monde et ne sait pas rester longtemps dans un même lieu. On en convient que cela peut être compliqué de trouver l’amour dans ces conditions. (Et encore, c’est compliqué si, avec ce mode de vie, on ne s’oriente que vers des schémas de couples “classiques”)

L’idée de changer pour l’autre

Une conversation entre eux amène ainsi Maddy à dire quelque chose comme :

“Peut-être n’as tu pas encore rencontré la personne qui te donnera envie de te poser”

Et là, je dis tout simplement non. Être avec “la bonne personne”, ce n’est pas changer ses aspirations de vie ou ses désirs.

On est sur un discours similaire au fait d’avoir des enfants : “Avec la bonne personne, l’envie viendra.” Et bien non, pas forcément. On peut aimer quelqu’un de tout son coeur et rester fidèle à sa vision de vie ou à un non désir de parentalité.

Une personne ne changera son mode de vie ou ses aspirations que si elle en souffre et il n’existe pas qu’une seule façon de vivre une relation amoureuse. Des couples nomades, c’est possible. Tout comme des couples sans enfants.

C’est d’ailleurs en ce sens que l’amour seul ne suffit pas dans une relation amoureuse. On peut aimer quelqu’un sans être en couple avec la personne. Notamment parce que l’amour ne se porte pas garant de la compatibilité amoureuse. Si c’était le cas, on aurait beaucoup moins de célibataires.

Ce qui nous amène donc à cette fameuse notion de compatibilité amoureuse.

Les critères de compatibilités amoureuses selon le film Irish Wish

Le scénario est déroulé de façon à ce que l’on comprenne petit à petit qu’elle a beau vouloir être avec Paul, ils ne sont pas compatibles. Un enchainement de situation l’amène donc à réaliser qu’ils ne sont pas fait l’un pour l’autre.

Là où, avec Emma, ils continuent de se retrouver mutuellement dans leurs aspirations. (Ils sont la bonne personne respective de l’autre, évidemment.)

un centre d’intérêt commun

Ce qui m’a posé problème dans l’évolution du scénario est que ce qui est considéré comme une incompatibilité amoureuse n’en est pas forcément une. En fait, le film dépeint plutôt le portrait de Paul comme un homme auto-centré sur lui-même. Laissant ainsi comme place à sa femme idéale le simple fait d’être raccord avec toutes ses aspirations. Où est l’amour pour la singularité de l’être aimé dans cette configuration ?

On a donc une scène où Maddy n’est pas à l’aise à vélo. Scène qui démarre par un manque de considération de Paul vis-à-vis de Maddy qui exprime ne pas être à l’aise à vélo. Puis d’ailleurs, pour accentuer le trait, il ne l’attend pas, lui demande de se dépêcher et n’est à aucun moment dans l’accueil de sa partenaire. C’est ainsi Emma qui va prendre le relais à vélo.

être raccord avec les goûts de la belle-famille.

Ensuite, la mère de Paul décide de la robe qu’elle doit porter pour son mariage. (Déjà, on est sur une mésentente belle-mère/belle-fille.) Il se trouve que la robe ne lui plait pas plus que ça, là où Emma la trouve merveilleuse.

Bon, je ne vais pas tous les faire parce que ce sont de “faux critères” de compatibilité amoureuse. Une relation ne se résume pas au fait de trouver une personne qui est un double de soi.

Il y a une comparaison régulière entre Paul et James pour montrer que James la comprend, la voit, reconnait son talent etc. Là où Paul ne s’intéresse pas à elle. Mais comment pourrait-il alors que son coeur est appelé ailleurs ?

En fait, ce personnage imbus de lui-même l’était avant même sa rencontre avec Emma et je n’aime pas particulièrement l’idée véhiculée où la femme rentre dans le moule qu’il a pour elle. Mais ça, c’est encore un autre sujet.

Que penser d’Irish Wish ?

Honnêtement, quand on regarde ce type de film, on se doute bien qu’on ne va pas regarder le chef d’oeuvre de l’année. C’est distrayant. En restant focaliser sur le fait qu’il s’agit d’une fiction, on peut passer un moment agréable. Les paysages sont beaux, cela ne demande pas une concentration particulière. On peut, d’une certaine façon, se vider la tête.

Néanmoins, de mon côté, je suis embêtée par ces fictions qui malgré tout, véhiculent des fausses idées sur l’amour.

Dès le début, Paul est paternaliste lorsqu’il exprime qu’il pourra l’aider pour son livre alors qu’elle est à l’origine du succès de celui-ci. Et pourtant elle est prête à s’oublier. Cela questionne d’ailleurs sur ce qu’elle peut bien trouver à cet homme.

Être d’accord sur tout ne garantit pas la longévité d’un couple. Emma qui s’intègre bien dans sa belle-famille n’est pas forcément un critère de compatibilité.

James qui décide de rester en Irlande pour apprendre à connaitre Maddy car il aurait enfin trouvé la personne qui lui donne envie de se poser.

Ce sont toutes ces petites choses cumulées qui m’ont embêté, me faisant sortir du film pour poser un autre regard sur celui-ci.

De plus en plus, j’aimerais voir des fictions qui s’appuient sur “le vrai” des relations amoureuses. Histoire que nos croyances sur l’amour évolue vers une vision plus réaliste.